La crise de 2009, suite à la baisse du prix payé aux producteurs de lait, était une conséquence logique de la réforme de la PAC de 2003. La PAC prévoyait une baisse du prix d’intervention de la poudre de lait de 15% et du beurre de 25% sur les cinq années suivantes. Ces baisses étant partiellement compensées par des paiements directs aux producteurs de lait via l’Union européenne.
Les quotas laitiers avaient été mis en place dès 1984 pour diminuer les excédents et tenter de résoudre les crises successives dans le secteur laitier. Le 1er avril 2015 les quotas ont pris fin, sans qu’un autre système de régulation efficace ne soit mis en place.
Cette décision de mettre fin aux quotas était essentiellement politique et correspondait à la volonté de désengagement de l’Union européenne face à une gestion compliquée et coûteuse des marchés agricoles, liée notamment aux surcoûts des excédents par stockage.
Tous ces événements ont générés des crises successives ponctuées de manifestations régulières dans le paysage médiatique. Ces réactions du monde agricoles ont même fini par entrer dans le quotidien des Français, sans pour autant générer des pistes de solutions constructives.
A cela est venu s’ajouter la guerre des prix dans la distribution ainsi que des querelles intestines dans le monde syndical et coopératif agricole. Les transformateurs ont même joué un rôle critiquable dans ce contexte perturbé.
Vers une sortie du tunnel des crises du lait
Au bout du compte des démarches nouvelles et constructives ont fait prendre conscience aux citoyens du vrai prix des produits agricoles. Fairefrance avec son lait équitable (créé en 2013) et « la marque du consommateur » avec « C’est qui le patron » (créé en 2016) ont initié une démarche cohérente – depuis le producteur jusqu’au consommateur – sur la chaîne de valeur.
Toutes les planètes de la voie lactée semblaient enfin s’aligner, mais…
Certaines problématiques demeurent on s’en doute. Aujourd’hui, bien malin qui peut évaluer le juste prix payé qui doit être réglé à l’agriculteur. La disparité des situations géographiques, des exploitations ne permet pas de définir un prix unique équitable et ce malgré de nombreuses tentatives (EMB, Organismes publics, Syndicats, producteurs de lait, transformateurs…). Il n’en reste toutefois que nombres d’éleveurs sont dans la difficulté et arrêtent leur activité.
… certains voudraient prendre les producteurs de lait pour des veaux
Les producteurs laitiers par leur détermination, leur amour du métier démontrent tout au contraire leur maîtrise des questions économiques. Malgré cela, dans le maelström des marchés et l’extraordinaire complexité des influences entre les différents acteurs, du producteur au consommateur, la boussole s’affole car l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
L’intérêt des consommateurs pour les productions locales amène à la prise d’initiatives. On voit ainsi fleurir de nombreuses propositions impliquant tant l’amont de la filière qu’en aval.
Au moment où le consommateur commençait à comprendre la démarche et intégrer la juste rémunération des producteurs dans son prix d’achat, certains producteurs se précipitent vers des distributeurs en acceptant une échelle tarifaire bien basse sur des produits locaux ! Les produits locaux pouvaient fort bien se différencier face à une démarche nationale de lait équitable en étant même plus rémunératrice. Les produits locaux, au contraire, viennent la concurrencer par des tarifs parfois inférieurs à la démarche équitable !
On en arrive même à trouver des comparatifs, qui est le moins cher, chacun parlant d’équitabilité
De quoi rendre le consommateur schizophrène, mais surtout de favoriser le déséquilibre de toute une démarche à l’origine vertueuse au profit des producteurs.
Les pistes de solutions ne viendront pas des distributeurs, ni des industriels des grandes marques, ni encore du système coopératif/industriel, ni des institutionnels… leurs enjeux majeurs étant trop éloignés de la production. Les producteurs, par eux-mêmes, ont des démarchent incohérentes qu’ils doivent corriger au plus vite.
Nous en venons même à penser que seuls des transformateurs indépendants pourraient initier avec eux une telle démarche de cohérence au sein de la filière, et que le gouvernement pourrait prendre des décisions pour la relance économique de la France qui viendrait sauver le monde agricole.