On voit en ce moment fleurir de très nombreux articles pour savoir qui, des uns ou des autres, pourrait succéder à Georges Plassat comme PDG de Carrefour. Un duel d’actionnaires autour de cette question épineuse, de la succession de Georges Plassat, lancée suite à l’indiscrétion d’un analyste financier qui voulait sans doute se rendre utile à diffuser quelques actualités à propos de cette entreprise dont plusieurs dirigeants successifs n’ont finalement réussi qu’à raccourcir les branches sans pour autant continuer à écrire une histoire à la hauteur de son glorieux passé.
Choisir le PDG de Carrefour a-t-il de l’intérêt ?
Evidemment, la question posée ainsi peut paraître étrange alors que l’on veut nous faire constater dans Le Monde que “Bernard Arnault, patron de LVMH, et la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette, s’opposent sur le choix du successeur de Georges Plassat, dont le mandat s’achève en 2018.” D’aucuns auront sans doute reconnu plus ici les intérêts des propriétaires du journal cité que ceux de Carrefour.
Pour soutenir Philippe Houzé – sans même avoir besoin de passer commande – on retrouvera BFMtv. A en croire le style de l’article “La succession du PDG de Carrefour s’accélère” c’est un déchirement et il faut faire vite. C’est vrai que les plumes de Patrick Drahi n’en sont pas à leur première caricature.
Les Echos, au service également de leur propriétaire – à moins que les journalistes soient tellement indépendants qu’ils en oublient même les intérêts des lecteurs – poussent également leur chansonnette.
Une petite remarque au passage pour la journaliste de Capital… Vous appréciez certaines vérités mais gardez-vous de vous froisser le poignet jusqu’à les écrire. Je vous confirme toutefois ici mon propos. La question ne sera jamais de savoir – concernant la direction générale du Groupe Carrefour – de savoir “qui” mais plutôt : “pour quoi faire” !
Tous les journalistes devraient ainsi poser de vraies questions. Les seules qui puissent avoir de l’intérêt : “Comment relancer le Groupe Carrefour ?” et “Avec quelles réponses du Groupe face aux défis de demain ?”
Une vraie question : le futur PDG de Carrefour sera-t-il un serviteur ?
Soyons franc, la question de savoir qui sera le dirigeant de cette société – premier employeur privé de France encore à ce jour – n’a que peut d’intérêt. Il ne s’agit pas d’une question de personne mais plutôt des intérêts qu’elle décidera de servir.
La seule réponse qui devrait être donnée serait plutôt de savoir si elle sera suffisamment indépendante pour accepter de ne servir que les seuls intérêts qui devraient être servis :
- ceux de ces gens que l’on appelle clients
- ceux de ses salariés
- ceux de ses fournisseurs
- ceux de ses actionnaires, dont les petits ne devraient pas en permanence être sacrifiés aux intérêts des puissants
Que l’honneur ainsi fait à cette personne puisse se traduire par des actes d’un véritable serviteur. Il s’agit d’un honneur d’être à la tête d’une telle entreprise. Un honneur qui devrait se traduire de manière immédiate par une première décision : celle de fixer son salaire fixe dans la médiane des employés du groupe. On parle bien du salaire du PDG… Le reste variable étant indexé sur le cours de bourse. A défaut, elle ne ferait que servir les intérêts contraires à l’esprit de liberté qui doit revenir dans cette entreprise.
Cette enseigne a-t-elle encore l’esprit des fondateurs : Marcel Fournier et le frères Jacques et Denis Defforey ? C’est grâce à cet esprit que Carrefour a innové !