Dans le cadre de la fin du chantier n°1 des États généraux de l’alimentation, sur la thématique de la création et répartition de la valeur, Jean-Phillipe Girard, Président de l’ANIA a tenu, dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, à rappeler loin des polémiques :
- l’urgence et la volonté commune de sortir du cercle vicieux de la guerre des prix et de la destruction de valeur ;
- les propositions des entreprises alimentaires (SRP, encadrement des promotions, contractualisation…). Un compromis largement partagé par l’ensemble de la filière.
Un nouveau modèle gagnant/gagnant, un modèle durable, issu de la concertation, au travers d’une compréhension mutuelle des problématiques auxquelles la filière fait face.
La lettre ouverte de Jean-Philippe Girard
“Monsieur le Président de la République,
Lors du lancement des États généraux de l’Alimentation fin juillet, je vous avais écrit au nom des industries alimentaires pour vous assurer de notre engagement total dans ce grand rendez-vous de la filière. Comme nous nous y étions engagés, nous avons répondu présents dans chacune des réunions du chantier n°1 sur la création et la répartition de la valeur. Dans chaque atelier, nous sommes venus avec un esprit constructif et des propositions.
Ainsi, malgré des intérêts qui ne sont pas toujours les mêmes, nous avons beaucoup parlé avec les autres acteurs de la filière lors des débats des ateliers. Avec ces État généraux, c’est un nouvel état d’esprit et une vraie confiance que nous avons retrouvés. Et cela doit nous permettre de faire la différence.
Ce nouvel état d’esprit : c’est à la fois un diagnostic partagé de la situation très inquiétante de notre filière alimentaire et de la spirale déflationniste qui nous fragilise tous. Et ce nouvel état d’esprit, c’est aussi l’émergence d’une volonté commune de sortir du cercle vicieux de la guerre des prix et de la destruction de valeur.
Si le modèle discount, il y a quelques années, a permis de rendre accessibles certains produits, la recherche du prix toujours plus bas, sans limite et sans justification économique, est aujourd’hui un modèle à bout de souffle, qui fragilise l’ensemble de la filière. Impact sur les conditions de vie des agriculteurs, sur la qualité des aliments, pression au-delà du raisonnable, stress au travail, perte d’innovation et de compétitivité de nos entreprises qui n’ont plus les moyens d’investir, risque sur l’emploi : nous en subissons tous les conséquences, y compris les consommateurs qui risquent de voir l’offre alimentaire s’appauvrir ! La situation n’est plus tenable et nous ne voulons plus l’accepter.
Le temps n’est pas aux polémiques et aux opérations de communication, mais à la responsabilité et au dialogue pour défendre une filière qui souffre. Il y a urgence. Les enjeux sont majeurs pour nos 17 500 entreprises, qui sont à 98% des TPE et PME, et plus largement pour l’équilibre et l’attractivité de notre pays.
Pourtant, certains, dans un très mauvais état d’esprit, brandissent encore et encore l’épouvantail de la hausse des prix, cherchant à faire durer un modèle ancien et destructeur dont ils profitent depuis des années.
Nous sommes aujourd’hui devant une alternative historique, un compromis largement partagé pour sauver une filière. Nous pouvons proposer un nouveau modèle gagnant/gagnant, un modèle durable, issu de la concertation, au travers d’une compréhension mutuelle des problématiques auxquelles nous faisons face.
Ce nouveau modèle sera gage de création de valeur pour tous les acteurs, contre la loi du plus fort. Nous demandons simplement que chaque produit soit vendu à son juste prix ! Et dans ce cadre, nous pensons qu’une meilleure contractualisation entre nous, qu’un nouveau seuil de revente à perte économique et qu’un encadrement des promotions sont des solutions qui peuvent recréer de la valeur pour tous.
Attribuer leurs véritables coûts à des produits qui font aujourd’hui l’objet d’un véritable dumping ne provoquera pas réellement d’inflation; au contraire, cela permettra de payer l’ensemble des produits à leur prix juste.
Et si au final chacun doit payer 30 centimes de plus chaque semaine pour refaire de la filière alimentaire une filière d’excellence, redonner tout son rôle à l’agriculteur, c’est-à-dire le premier rôle dans cette chaîne de valeur, permettre à nos start-up, TPE, PME, ETI, et grands groupes de répondre à toutes les nouvelles attentes du consommateur, et au distributeur de faire face à la révolution du commerce : alors nous aurons fait œuvre utile.
Nous comptons sur votre volonté de changer les choses et de les changer vite, et surtout avant l’ouverture des négociations commerciales 2018 qui seront cruciales pour un grand nombre d’agriculteurs et grand nombre d’entreprises.
Et, comme pour le chantier n°1, vous pouvez compter sur notre état d’esprit identique dans le chantier pour une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de ma plus haute considération.
Jean-Philippe GIRARD, Président de l’ANIA.
Notre vision
Nous retiendrons que les avis des tous les protagonistes peuvent se retrouver, et aider le monde agricole comme cela n’a jamais été fait jusqu’à ce jour, par la mise en place du Plan de relance et de croissance de notre pays présenté par Michel Leclerc… le frère d’Edouard.