Le cabinet de Conseil Deminor conseille aux actionnaires de Carrefour de s’opposer aux projets de scission que le groupe de distribution soumettra à l’assemblée générale du 21 juin, a indiqué à l’AFP Fabrice Rémon, directeur général du cabinet.
Carrefour veut se séparer de 25% de sa foncière Carrefour Property, avec une cotation à Paris, et scinder à 100% sa branche hard discount Dia, avec une mise en Bourse à Madrid.
Un pavé dans la marre envoyé par Déminor
“A tous les actionnaires qui nous appellent, on recommande de s’opposer à ce projet qui pour nous, sur le long terme, n’est pas créateur de valeur”, a expliqué M. Rémon. “On est contre un démantèlement. On se demande même si ce n’est pas plutôt un genre de mécano financier pour permettre aux investisseurs à la tête de cette opération, le groupe Arnault et le fonds Colony, d’essayer de récupérer un peu de l’argent sur cet investissement qui s’est révélé dramatique pour eux”, a indiqué M. Rémon.
Les deux principaux actionnaires de Carrefour, le fonds Colony Capital et l’homme d’affaires Bernard Arnault (14% du capital et 20% des droits de vote à eux deux), sont en effet en situation de moins-value sur leur investissement.
Selon Reuters, des fonds de capital-investissement se disaient toutefois intéressés par la reprise de Dia et indiquait pouvoir offrir autour de 3 milliards d’euros. L’hypothèse d’une telle vente ne semble toutefois pas emporter l’adhésion des actionnaires de référence de Carrefour, qui continueraient de privilégier une introduction en Bourse.
Les syndicats en accord avec les actionnaires minoritaires
“On voit même que les syndicats s’opposent à ces scissions, je pense qu’on va avoir rapidement une vue beaucoup plus précise des forces en présence”, a ajouté M. Rémon.
La prise de position de Deminor s’ajoute à d’autres oppositions aux scissions. La démission de Jean-Martin Folz du conseil d’administration de Carrefour a été interprétée comme un désaveu de cette stratégie (bien qu’aucun commentaire officiel de l’intéressé ne pouvait le laisser affirmer).
Les voix qui ouvrent une voie
Hervé Defforey, ancien directeur financier de Carrefour et l’un des fils de Denis Defforey, qui a créé le groupe en 1959 avec Marcel Fournier, a indiqué, pour sa part, au début du mois à La Tribune qu’il s’opposerait aux projets de scission.
Le fonds activiste Knight Vinke, qui dispose d’une participation de plus de 1% dans Carrefour, est pour sa part en campagne contre ce projet, selon le magazine Challenges. Officiellement, le fonds a seulement indiqué être en discussion “avec les principaux actionnaires”.