Suite à la réunion qui s’est tenue ce 8 février 2016 à Matignon avec les grandes enseignes de la distribution, l’ANIA tient de nouveau à alerter le Premier ministre sur les difficultés rencontrées par la 1re industrie du pays et le ras-le-bol des entreprises face à une guerre des prix insoutenable. Comme annoncé en octobre 2015, l’ANIA présentera un bilan des négociations commerciales avec la grande distribution début mars.
Le constat est désormais partagé. La destruction de valeur touche très durement l’amont agricole, ainsi que les 15 789 entreprises agroalimentaires de France, dont 98% de PME. C’est une réalité désormais indiscutable aux conséquences dramatiques pour notre économie et nos territoires. Cela fait plusieurs années que l’ANIA et ses partenaires dénoncent cette course aux prix toujours les plus bas.
Cette guerre des prix, véritable fuite en avant économique et sociale, n’apporte rien aux consommateurs, ne favorise pas la consommation et enlève aux producteurs et aux transformateurs leurs capacités à rémunérer un juste travail, à moderniser leurs outils de production, à investir dans l’innovation et à recruter. Le contexte international de l’embargo Russe ajoutant une pression supplémentaire pour les filières concernées.
Cette année encore, lors des négociations commerciales avec la grande distribution, nos entreprises, de toutes tailles sont confrontées à des demandes de déflation exorbitantes et irresponsables de la part des 4 grandes centrales d’achats restantes. Or, après deux années de déflation continue des prix des produits alimentaires (-2.5% selon IRI), les marges des entreprises du secteur ont atteint leur plus bas niveau depuis 1974. Une situation qui hypothèque les investissements, la modernisation, la compétitivité, l’emploi et la position internationale de notre filière.
« Cela fait plusieurs années que nous finançons, contraints et forcés, avec les agriculteurs, la guerre des prix qui se révèle être une guerre de parts de marchés entre enseignes. Ce sont les fournisseurs de la grande distribution qui finalement supportent aujourd’hui les coûts et les risques de la guerre des prix » indique Jean-Philippe GIRARD
L’action du Gouvernement pour dénoncer cette guerre des prix, et de l’administration pour contrôler les mauvaises pratiques doit être saluée. Une vigilance accrue et permanente sur les comportements abusifs et les demandes illégales est nécessaire afin de sanctionner sévèrement et de manière dissuasive les enseignes qui les pratiquent, comme le prévoit les nouveaux dispositifs de la loi Macron.
Ce n’est évidemment que sur la base d’un respect strict de la loi que pourront se bâtir les conditions d’une relation nouvelle et constructive au service de l’alimentation des Français et dans le respect de tous les acteurs de notre filière alimentaire française.
« Nous pensons qu’il est de l’intérêt national de soutenir notre agriculture et notre industrie alimentaire. Le sursaut doit être immédiat, collectif et partagé par tous les acteurs, à commencer par les distributeurs, en passant par les producteurs et les industriels et en incluant les consommateurs » conclut Jean-Philippe GIRARD.