Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des Entreprises du Commerce et de la Distribution, est revenu lors d’un entretien avec LSA, sur le commerce de proximité. C’est un cas assez rare. Nous reprenons donc un extrait d’un article du 18 septembre 2017. Morceaux choisis et solutions possibles.
Propos de Jacques Creyssel sur la vitalité commerciale des centres villes
« Il est frappant de voir que le problème de la désertification commerciale des centre bourgs se pose de la même façon dans de nombreux pays européens: l’Italie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, et ceci malgré des organisations commerciales et des systèmes d’urbanisation souvent très différents. Les causes structurelles sont en effet communes. La 1re d’entre elles est la désindustrialisation qui touche surtout les petites et moyennes agglomérations (entre 50 000 et 100 000 habitants). La 2e est liée à l’évolution des modes de vie. Les familles ne veulent plus habiter en centre-ville. Elles vivent, travaillent et vont faire leurs courses en périphérie, là où sont d’ailleurs désormais les équipements publics (hôpitaux…) Il faut donc cesser de croire que le commerce en périphérie est le grand responsable de la désertification commerciale des villes moyennes. Comme de croire qu’un moratoire sur les ouvertures des magasins, ou une baisse du seuil de passage en CDAC, réglerait le problème. Les solutions existent, comme le montrent de vraies réussites dans de nombreuses villes. »
Sur la manière de redynamiser ces espaces commerciaux
« Inverser le mouvement suppose une politique d’ensemble. Il faut d’abord créer ou rénover des logements en centre-ville, car sans client de proximité, pas de commerce viable. Ensuite, il faut mettre en œuvre une politique de dynamisation commerciale des centres avec des animations régulières, des managers de centre-ville dynamiques, et des horaires adaptés aux clients. Enfin, il est important d’instaurer une politique de mobilité intelligente. Dans bien des cas, cela passe par la construction de parking en centre-ville, voire des parkings gratuits. L’évolution récente du commerce alimentaire de proximité est, à cet égard, un exemple de transformation réussie, et d’apport massif à la dynamique des villes. Sans compter que nos enseignes permettent également de maintenir ou de développer des services publics : Environ 2400 magasins de proximité proposent un service de bureau de poste, y compris dans les grandes villes ! Le magasin est un élément clé de notre vie en société. Si demain, ils sont remplacés par des casiers ou des showrooms, notre vie sociale ne sera plus la même. Il s’agit là d’un vrai sujet de société. »
Propos recueillis par Morgan Leclerc et Yves Puget