Le Parlement wallon va débattre demain sur l’interdiction des sacs plastiques à usage unique. A Bruxelles également l’interdiction est prévue, et la Flandre n’a pas encore pris de décision. Comeos, la fédération du commerce et des services, tire la sonnette d’alarme : les régions adoptent des dispositions et délais différents, si bien que ni le consommateur ni le commerçant ne sauront quels sacs sont autorisés et où. Comble du paradoxe, l’interdiction des sacs plastiques générera plus d’emballages.
Interdiction des sacs plastiques : des alternatives ?
« La Wallonie et Bruxelles veulent interdire les sacs plastiques mais utilisent des règles et délais différents pour différents types de sacs plastiques. Quant aux projets de la Flandre, ils ne sont pas encore connus », déclare Dominique Michel, CEO de Comeos. « Pour les commerçants, c’est un cauchemar : ils possèdent des magasins à travers tout le pays et devront donc veiller rigoureusement à utiliser les bons sacs aux bons endroits. Les clients font rarement leurs courses dans une seule et même région. Pour eux aussi, ce sera très compliqué. En outre, les délais sont beaucoup trop serrés, les sacs de caisse en plastique à usage unique seront par exemple déjà interdits en Wallonie à partir de décembre. Or il faut du temps pour sensibiliser les consommateurs et développer des alternatives. »
Sacs en papier : plus chers, moins hygiéniques et perte de temps
« Il n’y a pas d’alternative pour les sachets ultrafins destinés aux aliments frais », poursuit D. Michel. « Les sacs en papier coûtent en moyenne 3,5 fois plus cher et ne protègent pas suffisamment. Pour des raisons hygiéniques, les sacs plastiques sont indispensables pour les aliments frais : l’humidité de la viande et du poisson est absorbée et rejetée par le sac en papier qui, par ailleurs, risque de se déchirer lorsqu’il contient des fruits et légumes frais, également humides. La perte de temps aux caisses coûtera par an des millions d’euros au commerce, car les caissiers devront ouvrir les sacs pour en contrôler le contenu. Les balances ne sont pas non plus adaptées aux autres sacs. Enfin, nos camions peuvent transporter cinq fois moins de sacs en papier que de sachets ultrafins – c’est n’est bénéfique ni pour l’environnement ni pour la mobilité. »
L’interdiction crée plus d’emballages et moins d’innovation
« Depuis 2003, nous avons diminué de 80 % la quantité totale de sacs plastiques à usage unique, et ce de manière volontaire, sur notre propre initiative et sans intervention des pouvoirs publics. Depuis des années, nous cherchons aussi intensivement des alternatives aux sacs plastiques, mais ce n’est pas simple. Les autorités wallonnes jettent désormais une partie de cette recherche par-dessus bord, les alternatives en plastique, comme les sachets entièrement compostables, étant également frappées d’une interdiction. En raison de tous ces problèmes, les supermarchés se tourneront davantage vers les fruits et légumes préemballés, générant encore plus d’emballages, alors que tout le monde s’accorde pour essayer de les réduire. La mesure sera donc contre-productive », explique D. Michel.
Les mêmes règles dans tout le pays
« Nous demandons aux décideurs politiques de laisser place à l’innovation et d’accorder plus de temps aux commerçants pour trouver des alternatives. Pour certains produits, comme le poisson ou la viande, les sachets en plastique doivent rester autorisés pour des raisons d’hygiène et de sécurité alimentaire. Enfin, nous sollicitons auprès des autorités régionales une prise de décision uniforme à travers tout le pays, de sorte que les règles soient les mêmes dans les trois régions. Nous constatons actuellement que ce n’est pas le cas à Bruxelles et en Wallonie, malgré le fait que les ministres compétents soient du même parti », conclut D. Michel.