Comeos, la fédération du commerce et des services, demande des accords plus transparents en matière de sécurité dans les commerces. Elle formule dès lors un certain nombre de propositions concrètes qu’elle espère voir rapidement mises en œuvre.
La criminalité grandissante coûte plus d’un milliard d’euros au secteur chaque année. Cela signifie que tout le monde paie, à la fois pour les mesures de prévention, les systèmes de sécurité et les pertes directes engendrées par les « petits » vols à l’étalage. « Depuis l’année dernière, nous sommes en outre confrontés à la dure réalité de la menace terroriste », souligne Dominique Michel, CEO de Comeos. « Lorsque la menace terrorise est passée au niveau 4 l’année dernière à Bruxelles, les commerçants belges ont perdu pas moins de cent millions d’euros entre le 21 et le 29 novembre. Nous comprenons naturellement que la sécurité doit passer avant tout et que personne ne doit courir le moindre risque – et dès lors aussi que, dans les faits, Bruxelles ait fait l’objet d’un lock-down durant cette période. Mais nous souhaitons aussi en tirer les leçons et formulons par conséquent un certain nombre de propositions pour éviter la confusion et l’incertitude durant de tels moments de crise à l’avenir. »
Matrice de sécurité : des règles claires
« Nous souhaitons en premier lieu qu’il existe un ensemble de mesures de sécurité concrètes et transparentes en relation avec le niveau de menace », indique M. Michel. « Ce n’est que de cette façon que le commerçant peut savoir ce qui l’attend : fermer les magasins ou non, renforcer la surveillance ou pas… De telles mesures existent pour les transports en commun. Nous voulons que le commerce soit impliqué plus étroitement. Il ne faut pas oublier qu’un commerçant est responsable non seulement de la sécurité de son propre personnel, mais aussi de celle de ses clients ou visiteurs. »
Retail Information Network : concertation rapide
Pour que l’information des différentes autorités parvienne de manière rapide et sécurisée auprès des commerçants, une plateforme en ligne s’avère nécessaire : un Retail Information Network. « La plateforme fonctionnerait dans les deux directions : les autorités pourraient informer rapidement les commerçants au niveau des sièges centraux au sujet des mesures nécessaires », explique Dominique Michel, « et d’autre part, des informations portant sur des faits criminels (comme les images vidéo de vols commis par des bandes) pourraient également être transmises par les sièges à la police fédérale. »
Pouvoir protéger l’espace commercial
« Mais il faut également d’urgence légiférer dans ce domaine », poursuit Dominique Michel. « Bien que le commerçant soit responsable de la sécurité de toute personne se trouvant dans son établissement, il ne peut actuellement interdire à personne l’accès à celui-ci. Aux Pays-Bas, c’est possible. Chez nous, une telle interdiction est impossible. Vous pouvez donc surprendre chaque jour une personne en flagrant délit de vol, mais ne pouvez empêcher celle-ci de pénétrer dans votre magasin. En cas de crise terroriste, le problème se fait encore davantage sentir : vous pouvez demander aux visiteurs de pouvoir contrôler leur sac à main, à dos ou à provisions, mais ces visiteurs ont le droit de refuser de se soumettre à ce contrôle. Pire encore : vous ne pouvez pas leur interdire d’entrer dans votre magasin avec ce sac. Ce qui est possible pour les matchs de foot ne l’est pas pour les commerces ».
Utiliser les caméras pour la sécurité de tous
Il faut également modifier la législation relative aux caméras de surveillance, selon M. Michel. « La législation actuelle ne nous permet pas de filmer la voirie devant le magasin », souligne-t-il. « Si nous pouvions fournir à la police l’accès aux images de l’environnement immédiat du magasin, sans que cela ne nécessite de lourdes démarches administratives, la police pourrait vérifier si des complices de bandes de voleurs sont en train de faire le guet, examiner selon quel mode opératoire ces bandes agissent ou pister le cas échéant des criminels recherchés. »
Renforcer également la surveillance en ligne
Enfin, Comeos souhaite qu’il existe à nouveau à la police fédérale un point de contact central pour les crimes en ligne. « Dans la plupart des cas, la cybercriminalité est le fait de bandes organisées », souligne Dominique Michel. « Nous ne visons pas l’individu qui commande quelque chose et oublie de payer, mais les criminels qui dérobent et utilisent en masse les données de cartes de crédit, qui tentent de pirater les fichiers clients, etc. Aujourd’hui, le commerçant qui constate que des commandes sont passées sous différents noms et avec plusieurs cartes de paiement et que les livraisons doivent toutes avoir lieu à la même adresse ne peut que s’adresser à la police locale pour signaler son soupçon de délit. Or, pour la police locale, la cybercriminalité est rarement la première des priorités. Ces affaires doivent donc à nouveau être traitées par une équipe d’ « e-cops » au sein de la police fédérale. »