“Arrivé en juillet 2017, Alexandre Bompard prévoit un plan de restructuration afin de rechercher de nouveaux profits pour les actionnaires.” C’est en quelques mots, le sentiment dégagé par le mouvement de salariés des différentes structures se rassemblant autour de la CGT Carrefour, ou plus exactement comme la “CGT Groupe Carrefour”. Pour mieux comprendre les craintes de ces salariés, nous avons décidé de reprendre en intégralité les documents diffusés par le collectif. La presse actuelle étant assez timide à informer de manière complète sur ces sujets… le marché publicitaire étant évidemment une thématique cruciale du “journalisme” moderne.
Propos tenus lors de la conférence de presse
Voici le texte officiel de la conférence du collectif syndical du 15 décembre 2017 :
Tout d’abord la CGT souhaite rappeler que, contrairement aux affirmations du nouveau PDG, le groupe Carrefour se porte bien, se porte même très bien avec plus d’un milliard de bénéfice chaque année et se permet même d’en redistribuer la moitié aux actionnaires.
Nous rappelons également que Carrefour bénéficie chaque année de plus de 400 millions d’euros d’aide de l’état (CICE + Exonération de cotisation salariale).
La CGT ne peut tolérer dans ces conditions un plan de restructuration qui n’est en réalité qu’un plan social déguisé.
Alexandre Bompard devait annoncer ce fameux plan le 23 novembre 2017 et par crainte de mouvements sociaux l’a reporté au 23 janvier 2018.
Pour la CGT du groupe Carrefour, la direction s’apprête à supprimer pas moins de 5000 emplois (dont la moitié dans les hypermarchés).
Le 7 décembre au siège de Massy, plus de 300 salariés ont manifesté afin de mettre la pression à Carrefour :
- Nous regrettons que la direction n’ait pas daigné répondre à nos revendications (des embauches immédiates pour pallier les sous-effectifs, l’assurance de conserver la totalité des emplois, l’arrêt des locations gérance, un statut unique Groupe Carrefour et le respect du repos dominical).
- Pire, nous n’avons pas été reçu par le nouveau DRH groupe monsieur Nanty mais par un cadre n’ayant aucun pouvoir de décision.
Le mutisme et l’arrogance de la direction de Carrefour nous contraint à organiser des mouvements sociaux les 22,23 et 24 décembre 2017.
Pour la CGT Carrefour, ce projet est un “plan social déguisé”
“C’est bien Alexandre Bompard le seul et unique responsable de l’inquiétude et du stress des salariés du groupe. Effectivement, prévue au départ le 23 novembre lors du comité de groupe, le PDG a différé son annonce au 23 janvier 2018 par crainte de conflits sociaux pendant les fêtes. C’est donc au PDG de mettre fin aux inquiétudes en annonçant clairement son plan.
D’après nos informations et les affirmations d’Alexandre BOMPARD, PDG, et de Pascal CLOUZARD, directeur exécutif France, il y a trop de personnel dans le groupe et plus précisément au siège de Massy.”
La CGT estime à plus de 5000 postes supprimés :
- Sur les sièges sociaux et administratifs, plus de 1500 postes concernés dont 1200 à Massy. Nous craignons également la fermeture du siège à Mondeville en Normandie.
- Dans les hypermarchés, plusieurs annonces ont été faites au comité central d’entreprise :
- Automatisation des stations-service et la destruction, à terme, de 500 emplois.
- Suppression des pôles administratifs et réception : la destruction, à terme, de 500 emplois.
- Suppression des vendeurs de l’EPCS (Electroménager, multimédias) : la destruction, à terme, de 1400 emplois.
- Fermeture de magasins : plus de 1000 emplois.
- PROXY (enseigne Carrefour City, Carrefour Contact) : plus de 150 magasins sont considérés par Carrefour non rentables.
- Automatisation progressive des plateformes logistiques.
Le PDG souhaite également diminuer drastiquement l’effectif du groupe en cédant de plus en plus de magasins dont il estime que la rentabilité n’est pas au rendez-vous :
- La fin des magasins de proximité (Carrefour City, Contact..) avec plus de 200 mises en location gérance.
- La diminution des supermarchés Market avec plus de 150 magasins concernés.
- Plus de 40 hypermarchés, à terme, sous ce nouveau modèle.
« Si ça ne tenait qu’à moi, tous les magasins du groupe ouvriraient tous les dimanches » telle est la déclaration fracassante de Pascal Clouzard, directeur exécutif France, lors du dernier comité de groupe.
La CGT du Groupe Carrefour rappelle qu’elle souhaite que tous les salariés du groupe Carrefour bénéficie d’un statut unique avec le respect du repos dominical et un salaire minimum à 1800 euros brut.
Le 7 décembre, la CGT a rassemblé plus de 300 salariés venant de toutes les enseignes du groupe Carrefour devant le siège Carrefour à Massy (Hypermarchés, Carrefour Market, Carrefour Contact, Carrefour City, Carrefour Banque, entrepôts…) concernant le plan Bompard mais aussi pour dénoncer les diminutions d’effectif, les mauvaises conditions de travail, la souffrance au travail et les bas salaires.
La CGT ne comprend pas la position de ceux qui disent qu’il faut attendre le 23 janvier 2018 pour agir alors que les salariés souffrent aujourd’hui du manque d’effectif.
Devant le mutisme de la direction, la CGT du Groupe Carrefour appelle les salariés du groupe Carrefour à se mobiliser les 22, 23 et 24 décembre 2017 : face à une attaque globale, nous devons riposter ensemble.
Il est grand temps que le groupe Carrefour redevienne une entreprise commerciale et non immobilière et financière au service des actionnaires.
Si la CGT se mobilise aujourd’hui c’est aussi pour les clients afin de pouvoir leur rendre un meilleur service : avant pour la direction le client était roi, aujourd’hui c’est l’actionnaire.
Hypermarché – Restructuration en cours et à venir
- Restructuration pam
Consiste à centraliser des tâches administratives de comptabilité et de réception ; à terme nous craignons la suppression de 500 postes - Restructuration station essence
Consiste à remplacer les équipes tournantes composées de postes d’encaissement souvent dédiés à des salariés abîmés par le travail et reclassés sur ces postes sédentaires. Les travailleurs seront remplacés par des machines à encaisser acceptant (espèce – cartes).
On craint une suppression à terme de plus de 500 postes. - La location gérance
Annoncée et concrétisée par une première liste de 5 magasins en janvier 2018.
Consiste à céder le fonds de commerce, tout en conservant le bénéfice des loyers reversés par le repreneur (mur, galerie, enseignes) tout en transférant les contrats de travail avec perte d’acquis conventionnels qui fera perdre aux travailleurs près de 2 mois de salaire.
À l’issue de la période dite de « transition » (12+3 pour renégocier un nouvel accord au sein de la nouvelle société. Crainte de nombreux départs et licenciements - Fusion Fnac – Darty – Carrefour
Regroupement des achats avec crainte de réallocation de mètres carrés sur les rayons électroménager « déclarés » pas assez rentables par nos dirigeants au profit de l’implantation de mini surface FNAC-Darty en lieu et place de rayons culture et électroménager actuels ! Quid des 1400 vendeurs électroménager et de près de 1000 salariés Carrefour affectés au rayon culture ?
Proximité – Liquidation programmée à Carrefour Proximité France
Après l’annonce en fanfare du rachat des magasins DIA par le groupe Carrefour France, les salariés ont cru au Père Noël. La réalité aujourd’hui, c’est que le rêve s’est transformé en cauchemar. La situation en région parisienne illustre un désastre annoncé en perte d’emplois :
- De 700 salariés (lors du rachat de DIA), la région est passée à 350 salariés.
- De 80 magasins (lors du rachat de DIA) la région est passée à 24 magasins.
La politique aujourd’hui de Carrefour proximité France a pour finalité le démantèlement complet du réseau de magasins intégrés. La conséquence est la fermeture du magasin et la session de tous les magasins intégrés en franchise ou en location gérance. C’est une calamité sociale que nous combattons. En janvier c’est un plan social annoncé pour pratiquement la moitié des magasins intégrés.
Pour réflexion
Photos prises lors du rassemblement de 300 manifestants devant le siège de Carrefour France à Massy le 5 décembre 2017.
Cette enseigne va finir avec des noms d’oiseaux, je proteste contre l’expression : “s’envoyer des noms d’oiseaux” pour s’accabler d’injures. Les noms d’oiseaux sont si beaux !
La tourterelle, le rouge-gorge, le rouge-queue, la hulotte, le grand-duc, le martin-pécheur, la linotte (et sa petite tête), la rousserolle, la pie-grièche, la bergeronnette, le gobe-mouches et l’albatros !
Mais tous ces jolis mots, qui respirent le bonheur de vivre, ne doivent pas nous faire oublier d’autres mots pour la défense des intérêts supérieurs des hommes et des femmes. Il suffit, parfois, de simplement prononcer : liberté, démocratie, foi, espérance, tolérance, humanité, et c’est l’expression des âmes et des consciences qui s’élève. Qu’attend cette société Carrefour pour le comprendre ? A défaut vous disparaîtrez et le plan du gouvernement n’y fera rien.