Carrefour : « trop gros pour faire défaut » ou « trop gros pour être détaillé » ? De véritables questions stratégiques se posent, depuis longtemps déjà, mais plus encore ces derniers jours chez Carrefour. Avec un cours qui frôle depuis plusieurs semaines la valeur d’introduction du titre en 1971, 100 francs, l’analyse graphique en bourse amène irrémédiablement l’entreprise dans la zone rouge… mais pourquoi aucun prédateur ne daigne sauter sur l’occasion malgré un cinquième profit warning en 12 mois ?
Assemblée générale des actionnaires : le discours aux majoritaires
Le jeudi 13 octobre 2011, le cours de bourse perdait 5,92% en une seule séance, suite à la publication du résultat du groupe pour les 9 premiers mois de l’année. A part en pariant le titre à la baisse sur les marchés financiers pour se refaire d’un achat initial élevé, d’une part, et racheter ensuite les titres à leur valeur à la casse pour continuer à monter au capital, d’autre part, on n’agirait pas autrement si l’on était actionnaires majoritaires… Qui présente Lars Olofsson à Carrefour ? Qui décide de sa nomination ? Qui peut avoir ainsi intérêt à la baisse ? Qui décide que Lars Olofsson doit rester en place pour toucher sa retraite ?
Lorsque vous savez qu’une catastrophe va arriver, c’est un bon moyen pour parier sur les marchés financiers… Regardons du côté de l’école de Chicago avec Milton Friedman et la ‘Stratégie du choc’.
Une telle prise de contrôle de l’entreprise, en dehors de toute logique marchande, ne peut avoir pour effet que de mettre à genoux des milliers de postes qui ne trouvent aujourd’hui plus leurs repères dans la stratégie de l’enseigne. Déjà 12% de l’effectif pour Carrefour Hypermarché SA en moins en 2 années, cela représente 6900 personnes qui ont quitté l’entreprise… et pas une ligne dans la presse à ce sujet… les marchés publicitaires auraient-ils plus de verve que cet objet ?
Un nouveau chemin ?
L’équipe dirigeante en place peut-elle avoir un avenir en vue, que cela soit sur l’efficacité de la politique actuelle ou sa projection stratégique à long terme. A-t-elle une vue pour bâtir un futur pour l’entreprise comme pour envisager le développement du secteur tout entier comme par le passé ? Carrefour a toujours été pourtant une entreprise structurante pour son secteur : c’est la vocation même du chef de file.
Avec des équipes survitaminées aux profils Proctériens, supervisées de quelques énarques, voilà un esprit qui s’échappe, standardisé par les grandes écoles qui bâtissent de nos jours plus d’esprits financiers que notre terre ne peut en supporter. On oublie que le commerce est avant tout métier passion et métier conviction avant d’être un moyen de monter dans les avions (les concours de miles seraient légion).
Comme le dit celui dont tout le monde pense qu’il est encore l’âme de cette entreprise lorsque nous le joignons par téléphone : « Je comprend qu’il soit furieux », en parlant de Bernard Arnault, en poursuivant par un sobre : « Carrefour a besoin d’un homme de métier pour le diriger » mais pas d’un nouveau concept dont on sait qu’il n’est pas efficient pour de nombreuses raisons. Ce n’est pas l’hypermarché qui est mort ici, c’est cette façon de faire fi du passé. Sinon pourquoi l’hypermarché fonctionnerait-il encore chez les indépendants ? Les autres sauraient-ils encore laisser au terrain la force suprême de décider sans trop centraliser ?
Alors pourquoi aucune solution n’est trouvée ?
Pour certain, la raison de l’entrée dans Carrefour de Bernard Arnault est simple : « Luc Vandevelde, ancien président du conseil de surveillance de Carrefour, voulait vendre la part des Halley à Tesco » et comme « les grandes oreilles avaient entendus l’opération [il] a demandé à ses petits copains d’acheter carre4 ! » Voilà le piège refermé sur le principal intéressé, contre échange de bons procédés. Je te passe le sel… passe-moi le poivre. Le plat est savoureux, des deux côtés. Cette entreprise n’est qu’un levier aux mains de ces biens nés et personne ne veut bouger alors même que les positions de certains deviennent inconfortables. Pour certaines personnes du Conseil, d’autres affaires préoccupent plus encore les poches, dont les parallèles sont encore bien proches.
« On ne peut refaire le Carrefour du passé, nous travaillons pour l’avenir… »
A vouloir gommer irrémédiablement le passé de l’entreprise, nous parlons évidemment de cet énarque du 6e que nous avions cité, la direction générale ne se rend pas compte que bientôt la clientèle seule connaîtra l’entreprise. Toute l’informatique du monde ne suffira d’ailleurs jamais à comprendre la déception clientèle face aux revirements permanents d’une stratégie sans capitaine. Le lien sera définitivement coupé à moins d’un héraut nouvellement nommé.
« Le problème des actuels actionnaires de référence de Carrefour (Arnault et Colony) est de privilégier le court terme en cherchant à restaurer les résultas ce qui en conséquence aurait une incidence sur le titre tombé bien bas et qui pourrait remonter. […] Je reste persuadé que si mon ami Paul Halley n’était pas mort le 3 décembre 2003 dans cet accident d’avion inexpliqué, la face de Carrefour aurait été changée par rapport à ce qu’elle est devenue » me dit-on. C’est bien, mais que fait-on ?
« Comme toute les enseignes en ces temps de crise ne pensent qu’à ça, le court terme, le court terme et encore le court terme… La concurrence pour Carrefour est particulièrement vive sur son marché domestique. Le mal dont souffre Carrefour depuis la fusion est de se trouver en perpétuel changement : de tours de tables, et partant de pouvoir et de stratégie et d’évidence de structures de direction. Il ne faut pas chercher plus loin. » Un peu court tout de même comme programme pour demain !
D’autres analyses disponibles sur http://graphics.thomsonreuters.com/11/10/GLB_RTLR1011_VF.html
D’ici là, l’enseigne a démarré ce vendredi le placement d’un nouvel emprunt obligataire à 7 ans. Le rendement devant avoisiner les 5%. Cette nouvelle obligation dont l’échéance est déjà fixée au 24 octobre 2018 offrira un coupon annuel fixe, Carrefour SA bénéficiant de la note BBB+ auprès de l’agence internationale de notation Standard & Poor’s. A quand des difficultés dans ces domaines alors que le marché naturel de Carrefour se fait attaquer par la concurrence acharnée ?
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Le métier de Carrefour a toujours été de devancer son marché
« Il faut refaire du commerce », voici un crie que nous ne pouvons qu’approuver pour balayer tous les autres sujets cités. Quelques exemples si vous ne savez plus inventer. Regardez le passé, tout y est indiqué !