Le communiqué officiel de Carrefour (repris ici en noir en intégralité) précise que le partenariat stratégique majeur au Brésil est proposé par Gama… nous ne doutons pas de la parole de l’enseigne mais nous laisse toutefois songeur sur la manière de présenter l’origine effective de l’opération. Dans ce mouvement en deux temps… avec le fond Gama, voici les arguments présentés avec nos commentaires en rouge, comme nous l’avions déjà fait à propos du document de référence de Dia :
• Le Conseil d’Administration de Carrefour s’est prononcé en faveur du projet de partenariat stratégique au Brésil avec Gama, une société détenue à 100% par un fonds géré par BTG Pactual et devant être capitalisée par la Banque Nationale Brésilienne de Développement (BNDES).
• Le Conseil d’Administration a estimé que ce projet serait créateur de valeur tant pour Carrefour que pour CBD (Companhia Brasileira de Distribuição, Grupo Pão de Açucar) et l’ensemble de leurs actionnaires et considère que, dans ces conditions, l’intérêt du projet doit permettre de dégager un consensus.
• Ce projet prévoit la fusion des actifs brésiliens de Carrefour avec ceux de CBD dans une société commune détenue à parité, ainsi qu’une prise de participation de Gama dans Carrefour.
• Ce partenariat créerait un acteur de référence de la distribution brésilienne avec un chiffre d’affaires pro-forma estimé pour l’entité combinée supérieur à 30 Mds€ pour l’année 2011, qui viendrait augmenter significativement l’exposition de Carrefour aux marchés de croissance.
• La décision du Conseil d’Administration de Carrefour est conditionnée à l’approbation par CBD de la proposition reçue de Gama et à l’approbation finale du Conseil d’Administration de BNDES et de son engagement.
A l’issue d’un examen approfondi, le Conseil d’Administration de Carrefour a approuvé le projet de partenariat stratégique proposé par Gama qui créerait l’acteur de référence de la distribution brésilienne, combinant les actifs brésiliens de Carrefour et ceux de CBD dans une société détenue à parité avec consolidation globale par Carrefour à compter du 1er janvier 2013.
Question : quelle enseigne sera finalement développée au Brésil, l’une, l’autre ou un mélange des deux, et pour quels formats de magasins ?
Réflexion : n’est-ce pas une situation Carrefour-Promodès bis repetita à venir ?
Le Conseil d’Administration, au vu de l’ensemble des informations reçues et des synergies attendues, a estimé que ce projet s’inscrit pleinement dans la stratégie de Carrefour de renforcer ses positions sur ses principaux marchés de croissance et serait créateur de valeur pour le Groupe.
Question : la direction générale estime-t-elle que le modèle Carrefour n’est-il finalement valable que sur les marchés de croissance, comme l’était la France dans les années 70 ?
Réflexion : n’est-ce pas une création de valeur essentiellement pour les fonds d’investissement, notamment au travers de la mise en place d’une super-centrale d’achat au Brésil ayant pour objet l’importation massive d’une production alimentaire vers l’Europe ? Quel sera, si cette remarque s’avère effective, l’avenir des producteurs français – et notamment de la politique des filières promue par Carrefour – et européens alors ?
Cette opération, si elle devait être réalisée, conduirait à la naissance d’un nouvel acteur majeur de la distribution au Brésil, 3e marché mondial en termes de dépenses alimentaires, avec un chiffre d’affaires pro-forma estimé pour l’entité combinée supérieur à 30 Mds€ pour l’année 2011.
L’entité issue de cette fusion bénéficierait de l’expertise de Carrefour et de CBD sur le format hypermarchés (Extra et Carrefour), des positions fortes de CBD sur le segment des supermarchés (Pão de Açucar, Extra Facil) et du leadership de Carrefour sur le segment du Cash & Carry (Atacadão). La société serait également un leader sur le marché en forte croissance de l’équipement de la maison avec les enseignes Ponto Frio et Casas Bahia. Les synergies en année pleine ont été estimées entre 600 M€ et 800 M€.
Question : quelles sont les risques liés évoqués ?
Réflexion : les équipes et outils sont généralement les grands oubliés dans de telles opérations, les clients aussi parfois… comment cela a-t-il été envisagé, en terme de politique sociale, de vente et politique d’achat ?
En cas de réalisation de l’opération, Carrefour augmenterait significativement son exposition aux marchés de croissance, qui représenteraient plus de 40% de ses ventes consolidées à horizon 2013.
L’opération est soumise à un certain nombre de conditions suspensives, dont l’approbation par CBD et l’approbation finale du Conseil d’Administration de BNDES.
Question : qui sera le chef d’orchestre de l’opération et quelles sont ces conditions suspensives évoquées ?
Réflexion : n’est-ce finalement pas l’inverse… et une demande de Paris de faire venir au conseil de Carrefour un spécialiste de la distribution, qui manque cruellement pour diriger l’enseigne… par ailleurs, pourquoi la BNDES estime-t-elle que le montage nécessite l’accord de Casino si les bordures juridiques de Carrefour sont si solides ?