Exégèse selon Saint-Loup.
Malherbe, je ne veux pas que tu réinventes l’hypermarché, je veux que tu l’invente. T’obéis !” dit la “duchesse” de l’architecte.
Pour sûr, c’est gagné ! Voilà donc un mari bien attentionné, qui a oublié que bien souvent clients varient. Bien fol à la marque qui s’y fie.
“Avez-vous l’impression, ici, d’être dans un hypermarché de 15000 m² ? […] Avez-vous l’impression, encore, d’être dans un hypermarché ?” nous dit l’architecte également…
C’est bien tout le noeud du problème ! Carrefour avait-il besoin de faire disparaître ainsi les bases du concept ? Quelle sera la finalité d’une enseigne si elle offre dans un même lieu ce que l’on trouve déjà dans les boutiques spécialisées ?
Quelle belle locomotive à commerce que voilà, qui traînera ses wagons à l’identique. On ne saura plus bien qui sera poussé. D’ici que cela soit poussif, il n’y a pas bien loin à voyager !
Carrefour planet est né, pourvu que cela ne soit pas une comète
“Planet, c’est un projet d’entreprise. C’est le point de départ d’une évolution majeure du second distributeur mondial qu’est Carrefour.”
Majeur assurément, mais pointé vers le ciel, prêt à prendre la foudre des salariés tellement la réorganisation est lourde de conséquences…
“C’est une formidable trajectoire que nous traçons pour Carrefour. C’est difficile pour les hommes et les femmes en interne. C’est un changement radical mais l’enthousiasme et l’énergie l’emporteront.”
Vous voulez dire qu’il s’agit là du chant du cygne… à l’inverse d’Auchan en ce moment.
“Dès que le vent soufflera, je repartira. Dès que les vents tourneront, nous nous en allerons…” disait notre ami Léonin ! Une belle chanson qui ne tardera pas à jouer son refrain…
Une progression “spéctaculaire des ventes” comme indiqué sur le site du damné, véritablement design en somme !
Le noeud, le fond du débat, repose sur un vieux clivage entre attitudes et comportements du consommateur. je m’explique :
Au milieu des années 1980, Euromarché, la COFRADEL et les Economats du Centre avaient fait appel à un célèbre cabinet d’études américain (qui avait pour nom un acronyme de 3 lettres et pas encore de bureau en Europe). Ledit cabinet, après moult enquêtes d’opinion auprès des consommateurs, avaient émis ses recommandations : un éclairage zénithal, pas de musique, des “shop in the shop”. Il s’en est ensuivi la construction de l’Euromarché de St-Quentin-en Yvelines et du Mammouth de Dardilly-Porte-de-Lyon, qui, dans leurs formats initiaux, ont connu des flop retentissants.Tout cela parce que les consultants avaient confondu attitudes et comportements.
Rajouter à cela que ces entreprises contemporaines côtées sont dirigés essentiellement par des non-professionnels du secteur, et vous comprendrez que leurs dirigeants achètent pour vérité “le bruit dominant”, les attitudes, sans se préoccuper d’observer les comportements d’achat de leurs clients et de se les faire expliquer.
Le PDG de Carrefour est un industriel laitier, il écoute un décorateur qui, s’il fait du bruit, n’est ni homme de marketing, ni distributeur, il en sort un concept de transformation de l’hyper en “grands magasins”, sans avenir, bien évidemment.