Avant notre analyse, reprenons le communiqué de l’enseigne : « Carrefour annonce le projet de création d’une société de centres commerciaux attenants à ses hypermarchés en Europe.
Poursuivant sa stratégie de retour aux fondamentaux, Carrefour souhaite, par ce projet de création d’une société, rétablir un écosystème intégrant l’ensemble de chaque site commercial, au bénéfice de ses clients. Son succès repose notamment sur la rénovation, la modernisation et l’extension coordonnées de ses sites. Le projet se traduit par la création d’une société regroupant 172 centres commerciaux provenant :
– d’une part, de l’acquisition auprès de Klépierre de 127 sites en France, en Espagne et en Italie pour une valeur de 2,0 milliards d’euros avec un loyer annuel brut d’environ 135 millions d’euros,
– d’autre part, de l’apport par Carrefour de 45 sites en France pour une valeur de 0,7 milliard d’euros avec un loyer annuel brut d’environ 45 millions d’euros.
Avec plus de 800 000 m² de surfaces commerciales, un patrimoine à hauteur de 2,7 milliards d’euros et un plan de rénovations et d’extensions créateur de valeur, cette société sera un acteur majeur des centres commerciaux en Europe.
Son financement sera assuré pour 1,8 milliard d’euros par fonds propres, dont 42% détenus par Carrefour et le complément par des investisseurs institutionnels, et à hauteur de 900 millions d’euros par dette. Ses résultats seront mis en équivalence dans les comptes de Carrefour.
L’opération, subordonnée à un accord final entre les parties et à l’approbation des autorités réglementaires compétentes, sera soumise à la consultation des instances représentatives du personnel et devrait se réaliser au cours du premier semestre 2014. »
L’opération reste toutefois “subordonnée à un accord final entre les parties et à l’approbation des autorités réglementaires compétentes, sera soumise à la consultation des instances représentatives du personnel et devrait se réaliser en mars ou avril 2014″ selon la presse. Klépierre annonce de son côté une opération finalisée au cours du deuxième trimestre 2014.
L’analyse du Loup
Faire et défaire c’est toujours travailler dit-on. La volonté est ici de reconstruire des ensembles attenants aux hypermarchés qui puissent se coordonner de concert avec eux. Avec la multiplication des cellules vides des centres commerciaux, il était temps de réagir, d’une part, et de constituer des pôles d’intérêt pour les clients qui soient cohérents, d’autre part. D’autant que Carrefour aurait le contrat de gestion l’amenant par la même occasion à percevoir les loyers auprès des commerçants.
Cette construction vise à ne pas affecter le bilan de Carrefour, on l’a vu. Elle dégagera un revenu de location estimé – selon les informations fournies aux analystes – à 180 millions d’€, un résultat avant intérêts et impôts de 90 millions d’€ pour un bénéfice net de 40 millions d’€. La société Carrefour intégrant ce résultat par équivalence à ses 42% de détention de la nouvelle société, elle touchera 16,8 millions d’€ à comparer aux revenus de location de 45 millions d’€ quelle dégageait jusqu’alors avec ses propres centres commerciaux…
Carrefour deviendra, en tout cas dans un premier temps, le plus gros actionnaire et donc influent dans les décisions stratégiques. Une vision ici essentiellement opérationnelle, dans la gestion courante de l’entreprise… à moins que l’opération n’amène à d’autres décisions plus lourdes de sens dans les années à venir, à force de faire monter des investisseurs extérieurs (huit investisseurs institutionnels [Axa, Predica, Allianz, Generali… à confirmer] représentant 58%, dont Colony Capital Europe) dans ce joli véhicule financier qui vient d’être monté… Et comme le déclarait Georges Plassat : «C’est un peu retour vers le futur». Attention toutefois à ces références, de plus en plus de salariés constatant par la même occasion que certaines vieilles recettes seraient passablement surannées.
C’est pour cela que Carrefour se taille un bout de gras… puisqu’on nous le dit !