Selon une information diffusée par Reuters, en date du 21 janvier 2012, « Carrefour va baisser ses prix en France dans l’espoir de contrer son grand concurrent Leclerc et d’enrayer l’érosion de ses parts de marché, rapporte le Parisien samedi. Le numéro deux mondial de la distribution derrière l’américain Wal-Mart dont les ventes ont reculé en Europe et en Chine au quatrième trimestre prévoit des réductions de prix sur 500 produits de grande consommation comme la lessive, le jus d’orange ou les biscuits. Carrefour estime que cette offensive commerciale devrait pouvoir faire réaliser à ses clients 3 à 4% d’économies.
Noël Prioux fait la mauvaise pioche : d’une erreur à l’autre
“Par le passé, nous n’avons pas toujours été suffisamment agressifs sur les prix et les promotions n’étaient pas toujours très lisibles”, explique le directeur exécutif de Carrefour France, Noël Prioux, cité par Le parisien. Les fournisseurs de Carrefour devront s’adapter, ajoute le dirigeant. “Les fournisseurs nous réclament des hausses de prix de l’ordre de 5%. Certaines peuvent se justifier, comme pour le sucre, car les cours des matières premières s’emballent mais la majorité sont tout à fait inappropriées. Nous n’accepterons aucune hausse injustifiée”, affirme Noël Prioux. Le chiffre d’affaires de Carrefour a reculé de 0,8% (à changes constants et hors essence) pour s’établir à 24,15 milliards d’euros au dernier trimestre de 2011, un résultat inférieur au consensus des analystes interrogés par Reuters qui prévoyaient en moyenne 24,32 milliards. »
Continuez à vous focaliser sur ce qui n’est pas dans les gènes de Carrefour… et vous continuerez l’errance. Il n’y a qu’une règle : « Un bon produit, au meilleur prix » disait Bernardo Trujillo. Revenez-y et lâchez Carrefour Planet au plus vite, dont même le nom n’a pas de signification.
Réinventer l’hyper : c’est revenir aux produits et à l’offre
Revenez à la raison d’être de votre métier : « un bon produit », point de salut sans cela… Remettez en cause les produits et les producteurs qui ne savent que maximiser la valeur ajoutée du rêve par la publicité et les faux-semblant. C’est pourtant simple. Profitez-en pour revenir sur le cartel des lessives et nous expliquez pourquoi vous n’avez pas pris la parole pour le dénoncer… Vous verrez que plus de 500 produits du quotidien seront facilement concernés !
En 1963, Carrefour n’était pas l’inventeur de l’hypermarché, n’en déplaise à ceux qui pensent connaître l’histoire de cette entreprise… Vous souvenez-vous au moins que l’idée développée par Bernardo Trujillo et Jacques Defforey – suite au voyage de Dayton de 1962 – était de modifier l’offre magasin par la création des SSDDS ! Combien de personnes de votre rang pourraient-elles décrire cette formule qui est pourtant la genèse de l’hyper ?
Revenez à la simplicité pour les clients :
– remodelez vos gammes et vos produits par une qualité toujours plus affirmée ;
– revenez aux filières pour une qualité-produit militante avec des producteurs de proximité ;
– faite un pied de nez aux faux-semblant ;
– simplifiez les assortiments par la contre-segmentation ;
– réorganisez vos rayons en supprimant les univers de consommation qui n’ont jamais fonctionné ;
– donnez de la simplicité d’achat en changeant vos étiquettes électroniques que personne ne peut voir ;
– refusez de multiplier les emplacements des produits identiques en magasin ;
– refusez les meubles de fournisseurs pour maintenir vos marchandises en état marchand ;
– redonnez à vos clients la productivité qu’ils avaient gagné depuis des années au lieu de vouloir toujours leur en offrir plus de choix… sans quoi ils continueront à partir dans les drives et sur les sites en ligne, inlassablement, pour récupérer le temps qu’ils perdent dans vos magasins ;
– remettez en route vos anciens logiciels, en tout cas ceux qui fonctionnaient, et jetez les derniers ;
– renvoyez les cabinets conseils de tout poil, sinon ils vous mettrons tous à poil ;
– réduisez les équipes du siège à ce qu’un cadre moyen puisse connaître les prénoms de chacun ;
– revoyez la visibilité de vos propres magasins sur la route ;
– simplifiez les arrivées jusqu’à l’entrée du magasin ;
– revoyez les chariots afin qu’ils soient en état de fonctionnement !
Quels sont les fournisseurs qui vont trinquer ?
Certains trinquent déjà à votre santé comme à celle des clients : les plus grands qui pourront pendant des années remercier Lars et son pool-achat spécialisé.
D’autres, en revanche, vont trinquer : les petits qui pouvaient réformer et redonner de la valeur aux clients.
Vouloir faire croire aux clients qu’ils sont tous identiques n’a pas de sens stratégique ni médiatique. Vous souhaitez faire croire que Carrefour combat les prix élevés en bloquant les hausses de certains. C’est une histoire que les clients ne peuvent croire et vous serez démasquez car vous ne pourrez pas tenir sur la durée… encore une fois, revenez à la réalité.
Il faut plutôt dénoncer les fausses innovations : alors attaquez, mais attaquez de manière engagée et pas par de la publicité. Elle affaiblit votre compte d’exploitation et ce n’est pas ce qu’attendent vos clients. Attaquez par une lutte acharnée et remettez en cause votre propre compte d’exploitation en premier. Regardez donc vos marges moyennes. Combien d’EBIT pour nourrir le tenancier ? Demandez plutôt de vous lâcher sur la chose, avant de lui proposer une autre prose.
Souvenez-vous que Carrefour débutait avec 11,5% de marge brute et laissait 2,5% en 1960 ! Cela ferait rêver à Levallois, et donnerait de quoi casser la Barrack de Colony, d’amuser Albert de la famille et ses jeunes amis aussi…
Où en êtes-vous ? Même le double de la marge brute et la moitié de la rentabilité et vous serez récompensez.
C’est un point de départ. Commencez par cela, sinon dire que vous faites des prix bas n’a pas de sens !
Remettez l’investissement là où il n’aurait jamais dû partir, dans vos équipes et les produits. Je ne veux pas dire les grandes marques, entendons-nous bien… et laissez Lars à sa retraite, sinon c’est vous qui perdrez la tête.
Les fournisseurs ne sont pas tous à l’identique
Il paraît, selon nos sources, qu’une affiche attendrait d’être disposée en magasin pour indiquer aux clients que Playmobil arrêterait prochainement de livrer suite à un défaut d’accord d’augmentation tarifaire annuelle. Carrefour aurait de fait accepté de supprimer ce fournisseur du rayon jouet sur l’autel de sa rentabilité et des retour- marchandise d’après fêtes.
Les pourfendeurs de marketing doivent être tenu du collet, c’est vrai, les autres en revanche doivent laisser passer la qualité. Prenons le cas de la viande des Grisons, dont le boeuf Suisse de qualité a augmenté sur 2011 de plus de 10%. Ajoutez à cela les variations monétaires, et vous comprendrez que des produits non transformés, sans budget marketing, ne peuvent venir compenser les pertes de productivité du vendeur. Une politique de faiseur de pauvres ou destructrice d’emplois sur le territoire européen qui n’a pas de sens. Revoyez plutôt vos marges de 20 euros du kilo, si elles sont bien ce que l’on nous a évoqué. Pour les autres, foncez.
Les salariés aussi inquiet sur le manque de stratégie du groupe
Les Membres FO appuyés par les élus CGC ont déclenché ces derniers jours un droit d’alerte au sein des Hypermarchés Carrefour. Nous reproduisons ici un texte syndical en ce sens : « Le Comité Central d’Entreprise Carrefour hypermarché SAS, réuni le 20 janvier 2012 a eu connaissance de faits concernant l’évolution économique, sociale et managériale du groupe Carrefour et de sa société Carrefour hypermarché, tant dans la presse que dans des réunions d’information des salariés de l’entreprise. Le Comité considère que ces faits sont préoccupants pour l’avenir de l’entreprise et du personnel. Il décide en conséquence de déclencher la procédure de droit d’alerte interne prévue par l’article L.2323-78 du code du travail et demande à la direction de lui fournir des explications sur ces faits. Il décide de désigner le Cabinet d’expertise comptable EMA, pour l’assister dans cette procédure conformément à la loi. Il mandate, Mme Dominique Beltrand, secrétaire du CCE, pour adresser à la direction les questions auxquelles le comité demande une réponse détaillée, lors de la prochaine réunion du comité prévue au calendrier social, le 21 février 2012. Il mandate la secrétaire pour informer la Direction Départementale du travail d’Evry, avec un extrait du PV de ce jour.
Questions posées par la secrétaire du CCE le 13 janvier 2012 au président du CCE
1.Baisse du chiffre d’affaires et perte de parts de marché
– Impacts sur les résultats 2011 ?
– Plan d’actions pour redresser les chiffres d’affaires et les résultats 2012 ?
– Plan d’actions pour les magasins déficitaires ? Pour les petits magasins ?
– Prévisions 2012 et plan à 3 ans :
. Politique commerciale (développement, promotions, prix fidélité, …) ?
. Politique de marges (investissements prix, MDD, assortiments, …) ?
. Politique d’emploi (organisations, effectifs, métiers, …) ?
. Résultats prévisionnels (chiffre d’affaires, marges, FP, résultats)
– Noms, missions et coûts des sociétés de conseil actives sur le périmètre hypermarché France ?
– Plan d’actions et de réorganisation pour le non alimentaire et en particulier pour l’EPCS ?
2.Réduction des effectifs
– Effectifs au 31.12.2011 ?
– Impacts détaillés des différents projets de réorganisation existants sur les effectifs 2011 ? Sur les effectifs 2012 ? Sur les années suivantes ?
– Nouveaux projets de réorganisation prévus pour 2012 ? Impacts sur les effectifs en 2012 ? Sur les années suivantes ?
– Evolution des effectifs en 2012 ?
3.Déploiement de PLANET
– Historique du déploiement de PLANET depuis son origine jusqu’au 31.12.2011 ?
– Investissements et coûts de PLANET par magasin déployé au 31.12.2011 ?
– Performances commerciales et résultats financiers des magasins déployés ?
– Déploiements prévus pour 2012 et les années suivantes ? Budgets et coûts du déploiement ?
– Prévisions 2012 (chiffres d’affaires, marges, FP, résultats) ?
4.Investissements
– Investissements réalisés en 2011 (par nature d’investissement) ?
– Politique et projets d’investissement en 2012 ?
– Plan d’investissements à 3 ans ?
– Politique et moyens de financement des investissements en 2012 ? Et les années suivantes ? »
Ce site est une incroyable découverte ! L’information est vraiment “fraîche”… à se demander d’où elle vient. Et c’est vrai qu’on peut difficilement être en désaccord avec vos points de vue, suggestions et observations…
En attendant, Noël Prioux est venu sur Evry présenter ses voeux aujourd’hui. Dans l’ambiance morose et les visages fermés, son intervention a été une bouffée d’air frais. Il a eu un discours simple, volontairement positif, presque rassurant… et ça a fait du bien.
Parce que s’il y a une chose qui est sûre : on veut encore y croire. Et tant mieux.
Merci pour la fraîcheur, j’espère simplement la garder à force d’intervenir sur ce site…
Les informations sont effectivement de première ordre.
Comme vous je suis assuré qu’il reste toujours un espoir et que cet espoir se trouve dans les équipes, proche du terrain !
Le Loup, dire que l’espoir se trouve exclusivement dans les équipes terrain est un peu raide. Il n’est pas bon de toujours tirer à boulets rouges sur les gens du siège et d’en faire une opposition systématique avec les gens du terrain. C’est trop facile.
On a tout autant besoin des uns que des autres. Ce qui manque : le lien, sans doute. La concertation et les échanges. Trop de précipitation peut-être… mais je ne suis pas au coeur de tous les débats.
Trop de monde au siège ? Il serait fou de le nier.
En mode désespéré personnellement, ce n’est pas faute d’y avoir cru auparavant…
Vous avez compris que le métier de cette entreprise et sa valeur ne se fait pas dans les salles de marché mais sur la surface de vente. Il faut donc alléger le siège de manière drastique et remettre les équipes en magasin. Avoir le courage de le dire, le faire, alors qu’il me semble que c’est plutôt l’inverse aujourd’hui que l’on constate, surtout en haut lieu. Ce n’est donc pas une opposition entre les individus, mais une opposition franche avec cette politique qui n’a pas de sens.
La centralisation, si elle avait des intérêts, est allé bien trop loin dans le raisonnement.
Carrefour c’est finit ?
Non, le groupe Carrefour n’est pas fini mais maintenant doit éviter d’aller droit dans le mur et remettre en avant la culture client, de bons salaires, des bonnes équipes, des hommes de terrains qui aiment leurs métiers et qui le font bien !
Effectivement, il y a toujours de l’espoir. La machine est en marche (ou le sera bientôt…) si je puis dire…