Le Carrefour City, 142 avenue de Malakoff dans le 16e arrondissement, est fermé depuis quelques semaines.
Epidémie de grippe tardive des équipes ? Non.
Grève des Carrefour City ? Non plus.
Ce magasin, dans les premiers développés sur Paris pour la nouvelle enseigne, a simplement été fermé pour cause d’empressement à l’ouverture ! Anecdote pourrait-on croire. Non, c’est beaucoup plus profond que cela.
Ne pas confondre activité et activisme
C’est en effet le rythme excessif auquel la direction générale aurait demandé d’opérer les bascules d’enseignes qui serait la cause de cette déconvenue. Volonté de soutenir un plan d’annonce à l’égard du marché boursier, volonté de réformer ou méconnaissance du secteur par Colony Capital… la question reste posée !
Avec le souhait d’opérer 60 transformations présentées par Lars Olofsson pour des magasins de proximité en une seule année, sans renforcement des équipes chargées du développement, le groupe avait ainsi pris le risque de déposer plusieurs demandes administratives auprès des autorités sans maîtrise totale des dossiers.
Carrefour City en ligne de mire de la municipalité, ou la lutte politique pour la proximité sur Paris
Aussi, la mairie de Paris vient de retoquer l’autorisation d’ouverture de ce Carrefour City implanté à Paris et cherche une contre-attaque contre l’enseigne sur ses implantations intra-muros. Une convocation de Lars Olofsson par Bertrand Delanoë aurait été faite pour plus d’explications sur ces dossiers litigieux.
Jacques BRAVO, Maire du 9e arrondissement et Conseiller de Paris sous étiquette socialiste, est particulièrement actif dans cette offensive depuis plusieurs mois contre la société et avait même demandé une révision de la loi de modernisation de l’économie (LME) qui menacerait – selon lui – le petit commerce. C’est tout le fond du problème !
Le 20 septembre 2010, en conseil d’arrondissement, Jacques Bravo et sa majorité avaient d’ailleurs voté deux vœux : celui que le maire de Paris saisisse le Ministre de l’Economie afin d’obtenir une révision de la loi pour un retour au seuil d’autorisation administrative d’ouverture de 300 m², et un second, plus spécifique au projet de Carrefour notamment autour de l’implantation de 4 magasins.
Difficile dans ce contexte de ne pas penser également aux risques sur les enseignes Carrefour City Café et Carrefour Express.
Un risque de multiplication des fermetures
Cette précipitation dans les premiers dépôts oblige les services à reconsidérer leurs dossiers, notamment à propos des normes de sécurité.
Comme l’évoquait un responsable en interne : « il fallait faire raisonner ce monstre du CAC 40, sur la proximité, comme une PME de quartier ». Une véritable contradiction avec l’option choisie par la direction générale.
Dans cette situation, où chacun cherche à sauver son poste, personne ne pouvait remettre en cause les décisions unilatérales des directions générales du Groupe Carrefour comme de Colony Capital.
Peut-être d’ailleurs que la multipliction d’expériences malheureuses de la proximité qui ont obligé Colony Capital à revoir son organisation interne en l’obligeant à reconsidérer la concentration des services de développement en son sein vers un retour des personnels dans leurs enseignes initiales.
D’autres voix évoquent en revanche une stratégie beaucoup plus sournoise sur ce dernier point, visant à satisfaire les marchés financiers… nous y reviendrons prochainement…