Carrefour, dans le cadre de sa politique de réallocation des capitaux employés, annonce le 27 décembre 2011 la cession d’un portefeuille immobilier constitué des murs de 97 supermarchés en France pour un montant de 365 ME. 365, comme le nombre de jours qu’il faudra pour faire capoter le tout si vous n’annoncez pas un réel projet industriel ? Bonne année 2012…
Toujours pas de projet industriel
Il s’agit de la « cession à des véhicules d’investissement gérés par La Française AM d’un portefeuille immobilier à maturité constitué des murs de 97 supermarchés détenus par Carrefour Property, et exploités par Carrefour Market dans le cadre de baux longs à loyers fixes indexés. Par cette transaction, Carrefour optimise l’utilisation de ses capitaux employés et les réalloue notamment au financement de projets de développement immobilier. Le produit de cession est de 365 ME pour un taux de capitalisation droits inclus d’environ 6,5%. A l’avenir, le Groupe continuera à exploiter ces magasins sous enseigne Carrefour Market sur la base de baux d’une durée initiale de 12 ans, assortis d’options de renouvellement multiples. »
Beau communiqué de l’enseigne copier-coller sur tous les média et donc sans analyse journalistique. La fin de l’année est toujours propice et les journalistes sans doute en réveillons.
Les Echos seront moins forts sans doute à faire 1/2 page comme le journal vient de le faire sur la ‘superbe’ entreprise DIA. Juste une remarque, il suffisait de faire sortir l’entreprise DIA du giron Carrefour pour affoler les analyses graphiques sur la société mère, amenant immédiatement les cours à se réajuster à la baisse, au-delà même de la valeur sortie par DIA. C’est idiot, mais l’informatique n’a jamais eu pour caractéristique d’être intelligente… n’en déplaise à tout les Bilderberg de tout poil.
Lorsque l’oeuf veut gober un boeuf
« La Française AM est née en 2009 de la fusion entre UFG et La Française des Placements Investissements. Cette société de gestion d’actifs multi-spécialiste est dotée d’une double expertise en valeurs de placement et en immobilier et gère 35 MdsE d’actifs à fin 2010, dont 5,8MdsE dans l’immobilier. Crédit Mutuel Nord Europe est l’actionnaire de référence de La Française AM. » Merci Bourse LCI de nous en dire déjà plus que la presse économique… mais pas tout, loin s’en faut.
« Son style de gestion dissymétrique vise à préserver de façon relative le capital dans les phases de baisse des marchés, afin de sédimenter, dans le futur, la croissance des actifs financiers. »
Explications : « Concrètement, la gestion dissymétrique permet d’offrir sur plusieurs classes d’actifs à la fois “mieux que de la rente tout en limitant le risque et en assurant la liquidité” […]. Il s’agit ainsi de préserver une maîtrise de performances pérennes plutôt que de maximiser les performances de marché, d’optimiser la décorrélation et de contrôler le risque ex ante et ex post en utilisant des outils assez sophistiqués. » [Source]
Pour Carrefour, rapporté par EasyBourse, ces sommes seront réalloués ‘notamment au financement de projets de développement immobilier‘. Baliverne selon nous. Cela revient à hypothéquer les bâtiments au Monopoly, mais rien ne vous oblige à utiliser ces sommes en investissement.
Pour être plus clair… quoi que… Il s’agit ici de transformer la valeur des bâtiments en obligations convertibles et obligations indexées sur l’inflation pour bénéficier d’un contexte économique avec des marchés d’actions attrayants grâce à une volatilité encore forte, et des taux d’intérêts sont historiquement bas et un risque d’inflation sous évalué.
Principes du support utilisé
– Les obligations convertibles : leur dissymétrie naturelle par rapport aux actions offre l’avantage d’une indexation sur le marché boursier (permettant, le moment venu, de bénéficier d’une reprise boursière) avec une protection pour l’investisseur. Opportunité : Son droit de conversion donne à l’obligation convertible un potentiel de valorisation lié à la hausse de l’action d’autant plus fort que le cours de l’action est bas. Sécurité : Le risque à la baisse est, quant à lui, limité car le prix de l’obligation convertible cesse de baisser lorsqu’elle atteint son plancher obligataire.
– Les obligations indexées sur l’inflation : à l’inverse d’une obligation à taux fixe, l’obligation indexée se valorise en cas de reprise de l’inflation, elle s’apprécie avec l’inflation et la baisse des taux réels (différence entre les taux nominaux et l’inflation anticipée). Opportunité : On peut estimer qu’aujourd’hui la cotation des titres indexés sur l’inflation sous-valorise le niveau de l’inflation réelle et représente ainsi une opportunité d’investissement.
Pour ceux qui veulent aller plus loin dans l’analyse et qui pensent que les courbes gaussiennes sont l’avenir de la grande distribution nous faisons juste une remarque… les portefeuilles asymétriques devraient, par nature, être diversifiés pour réellement protéger un capital ! En d’autres termes… L’entreprise Carrefour n’a pas fini de baisser en bourse sur les prochains mois, en tout cas on s’y prépare, Happy Days en perspectives.
Si vous souhaitez féliciter Carrefour
Relations Investisseurs : Réginald Gillet, Sandra Livinec, Matthew Mellin, Alessandra Girolami
Tél. : +33 (1) 41 04 26 00
Une bien belle opération pour trouver, en fin d’année… sur le poteau dira-t-on, les finances nécessaires pour servir les actionnaires au détriment des actifs de l’enseigne. Un joli pactole en effet qui viendra en exceptionnel, pardon devrais-je dire en opérationnel – merci les IFRS, pour redonner du mou suite à l’année calamiteuse qui vient de se passer. Heureusement, les enfants des salariés peuvent encore voir le Père Noël… qui n’est pas fils de Dieu comme est obligé de la rappeler le Pape Benoît XIV.
« Redonnons du sens à la finance », évoque Xavier Lépine, le Président du Directoire La Française AM, mais quel sens ?
Xavier Lépine, interrogé par DécideursTV
La Française REM avait déjà fait la même action avec le Groupe Accor
Dans un contexte de marché plus difficile, La Française REM a assuré la mise en place – sur une partie du portefeuille – d’un financement autour d’un pool bancaire composé de la Banque de L’économie (Groupe Crédit Mutuel) et du Crédit Foncier. Le portefeuille acquis est exploité dans le cadre de baux longs termes triple net à loyers fixes indexés. Ce loyer correspond à un taux d’effort très raisonnable pour l’exploitant.
Grâce à la taille de La Française REM, ce portefeuille a pu être réparti sur plusieurs fonds immobiliers :
– 1 OPCI RFA EL spécifiquement créé et placé auprès d’une douzaine d’investisseurs institutionnels de premiers rangs : compagnies d’assurance, caisses et mutuelles de retraites,
– 9 SCPI classiques diversifiées
– 1 OPCI grand public « UFG Opsis Patrimoine ».
La Française REM assurera, sur toute la durée du bail, l’asset management du portefeuille en partenariat avec Carrefour Supermarchés France.
En réalisant la première externalisation du Groupe Carrefour, n° 1 de la distribution alimentaire en Europe et n° 2 mondiale au travers de fonds immobiliers non côtés, La Française AM, réaffirme sa volonté d’offrir à ses clients, institutionnels et retail l’accès à des portefeuilles immobiliers de référence ainsi que des cash-flows longs sécurisés sur la base de taux de rendement attractif. [Source]