“C’était un soir d’été, à Dayton, dans l’Ohio, raconte M. Etienne Thil, directeur du marketing de la société Carrefour. La chaleur était tombée avec la fin du jour, il faisait bon. Je barvardais avec Bernardo Trujillo. La plus haute autorité mondiale en matière de commerce de détail. Le maître incontesté, le pape de la distribution, l’homme dont les idées, les slogans font la loi. Il m’avait accueilli, pour deux mois, dans son séminaire de recherche.”
“Voyez-vous Etienne, me dit-il soudain, on s’imagine toujours qu’il est difficile de réussir dans le commerce. Moi-même j’ai développé un tas de théories. Mais ce n’est pas vrai. Il y a une règle, une seule, et elle est infaillible. Il suffit de vendre de bons produits au meilleur prix. Tous les commerçants prétendent qu’ils le font, souvent ils le croient, mais ils se trompent. La preuve, quand l’un d’entre eux s’y emploie vraiement, comme votre Boucicaut lorsqu’il a fondé le Bon Marché, c’est une révolution.”
“Cela se passait en 1965. Il nous a fallu onze ans, à Carrefour, pour aller jusqu’au bout de cette réflexion, pour en tirer toutes les conséquences. Pour être prêts, nous aussi, à faire la révolution.”
Et onze années après naissaient les produits libres “proposé par Carrefour. Bons Produits. Meilleurs prix.”
Extrait de L’express, Spécial Carrefour, 1976.