« Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, a acheté 20.000 actions le 9 mars à 14,93 euros l’unité et 7.087 actions le 12 mars à 12,51 euros » nous fait savoir la presse économique. Pour un total de 387.188 euros, cet achat en début de la crise sanitaire est une opération intéressante à analyser.
Le Coronavirus comme booster économique ?
Nous avons tous noté que le gouvernement a ordonné par l’entremise du ministre de la Santé, Olivier Véran, un arrêté du 14 mars – portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus covid-19. Cet arrêté oblige à la fermeture administrative les cinémas, bars ou discothèques… considérés comme « lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays”. Il faisait suite à l’annonce publique du Premier ministre le samedi soir.
Le texte précise : « […] il en va de même des commerces à l’exception de ceux présentant un caractère indispensable comme les commerces alimentaires, pharmacies, banques, stations-services ou de distribution de la presse ; que compte tenu de leur contribution à la vie de la Nation, les services publics resteront ouverts y compris ceux assurant les services de transport […]. »
Jusqu’au 15 avril, deux nouveaux arrêtés des 15 et 16 mars 2020 ont complété les dispositions du 14 mars en précisant les activités fermées.
La grande distribution se retrouve ainsi principale bénéficiaire des parts de marché en l’alimentaire alors que la plupart des activités de restauration hors foyer sont fermées, d’une part, et seule à faire coïncider la vente de produits non-alimentaires – hormis la vente par correspondance – pour satisfaire la population souhaitant réduire ses déplacements.
Dans cette situation, Décathlon a même fermé, obligeant ses salariés à la prise de congés pendant la période de confinement.
Un poste d’observation avancé
La semaine du 2 au 8 mars a été exceptionnelle en magasin, faisant espérer des résultats soutenus avec une accélération des ventes en e-commerce aussi bien par la livraison à domicile qu’avec le drive.
Le poste avancé de PDG du premier employeur de France sur les réactions des consommateurs est en cela une position d’un indéniable avantage pour connaître les changements de consommation, en complément de ses liens précieux – et quasi-directs avec Edouard Philippe – au cœur de l’actualité.
Au jeu de « qui perd gagne »
A y regarder de plus près, les décisions d’achat de Monsieur Bompard sont calquées sur le cours boursier de l’entreprise. L’achat du 9 mars coïncide en effet avec la valeur la plus faible du cours à 1 an, et celle du 12 mars à la valeur la plus faible depuis 2012.
Certains dirons qu’il « vient soutenir le cours de l’entreprise dont il est PDG parce qu’il croit à l’avenir de son entreprise », d’autre qu’il profite de l’aubaine pour spéculer sur sa propre société. Pour pasticher Roger Federer, nous dirons ici qu’il s’agit d’un vrai jeu de fond de « cours »… preuve s’il en est que la société reste particulièrement fragile.
Face à la crise inédite qui frappe toutes nos géographies, nos collaborateurs sont pleinement mobilisés et font un travail exceptionnel pour répondre aux demandes de nos clients. Tout est mis en œuvre pour préserver la santé de chacun et assurer le meilleur service. Merci à tous pic.twitter.com/8ZithHEayF
— Alexandre Bompard (@bompard) March 13, 2020
En 2012 déjà d’autres personnes du conseil d’administration – qui s’en souviennent – avaient d’ailleurs aussi profité d’un plus bas historique vers 12 euros par des achats à découvert…
Eu lieu de cela
Au lieu de cela, et de spéculer sur leur propre entreprise, les dirigeants devraient plutôt se soucier de réintégrer au plus vite notre production nationale… car si rien ne se fait, c’est la Chine qui mangera Carrefour grâce à une poussière et la mondialisation !