« Depuis hier, le géant de la vente en ligne Amazon est bloqué à Paris, Lille et Lyon par des militants des Amis de la Terre et d’Action Non-Violente COP21. En plein Black Friday, ces actions s’ancrent dans une vaste mobilisation de la société civile contre le système de surproduction, tout aussi climaticide qu’injuste socialement. Elles visent également à interpeller les élus, en pleine discussion en Commission sur la loi économie circulaire, pour qu’ils relèvent l’ambition climatique et sociale de la France, jusqu’à présent passée à la moulinette dans le texte.
Si le Black Friday est dénoncé de toutes parts, Amazon est décidément la première dans le viseur de la société civile. Hier, c’est d’abord son entrepôt de Brétigny-sur-Orge qui a été bloqué par les militants des Amis de la Terre et d’Action Non-Violente COP21. Bottes de foin, matériel de blocage, déchets électroniques et électriques comme barricades pour rappeler la responsabilité de la multinationale dans la surproduction ont permis aux militants de bloquer le site plusieurs heures avant d’être délogés par les forces de police. Huit activistes sont encore en garde à vue. Dès ce matin, c’est au tour de deux sites à Lyon et Lille de se voir bloqués par les militants. A Lyon, les 209 activistes ont maintenu de nombreuses heures le blocage malgré l’intervention musclée des forces de police, tandis qu’à Lille la présence forte des syndicats (CGT, Sud), permet de rappeler les enjeux sociaux tout autant que climatiques du système Amazon. En effet, la multinationale est non seulement épinglée pour son impact dramatique en matière d’émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour les conditions de travail indignes de ses salariés, la destruction des emplois locaux et la sur-exploitation des ressources naturelles, comme pointé par le rapport “Immersion dans le modèle Amazon” publié par les Amis de la Terre, Attac et le syndicat Solidaires [1].
“L’expansion d’Amazon n’est pas une fatalité, commente Alma Dufour, des Amis de la Terre. Le gouvernement et les députés pourraient ainsi relever l’ambition climatique de la France et les emplois locaux s’ils s’attaquaient à la racine de la surproduction en stoppant le développement du géant de la vente en ligne. Malheureusement, la fenêtre d’opportunité que représentait la loi économie circulaire semble se refermer : un sursaut est indispensable pour que ce texte soit à la hauteur des devoirs de la France en matière de climat, et intègre notamment un moratoire sur l’extension des entrepôts de l’e-commerce et des zones commerciales“.
Ironie de calendrier, les premières discussions sur la loi économie circulaire, texte phare du gouvernement en matière de consommation, se tiennent en plein Black Friday au sein de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Malgré l’ambition affichée, les premières discussions de ce texte sont particulièrement décevantes :
- rejet ce matin du seul amendement qui proposait de réduire le niveau de production via une feuille de route contraignante de réductions de produits neufs proposés à la vente
- moratoire sur l’extension des entrepôts de l’e-commerce et les zones commerciales jugé irrecevable à ce stade
- refus de l’interdiction d’envoyer les invendus au recyclage malgré le scandale soulevé par Capital sur la destruction des invendus [2]
- refus des mentions légales sur les publicités textiles et autres produits polluants
- transformation de l’obligation de mises à jour logicielles pour les smartphones et les tables en simple obligation d’information des consommateurs
“Si les discussions en plénière, prévues pour les jours à venir, confirment cette tendance, la mandature d’Emmanuel Macron sera définitivement marquée par le sceau du double discours : le Président ne peut pas à l’international jouer au champion de la Terre, et de l’autre laisser le modèle de surconsommation et d’injustices sociales, incarné par Amazon, nous précipiter dans le chaos climatique. Les blocages des sites aujourd’hui, avec les syndicats et les gilets jaunes, montrent une fois de plus la détermination de la société civile et son alliance autour des enjeux écologiques et sociaux. Nos mobilisations se poursuivront jusqu’à ce que nos élus se montrent à la hauteur de l’enjeu” commente Sandy Olivar Calvo, d’Action Non-Violente COP21. »
Communiqué conjoint des Amis de la Terre et d’Action Non-Violente COP21
Réponse de Frédéric Duval, Country Manager Amazon France
« J’ai donné une interview hier au Parisien pour répondre aux interrogations que les français se posent au sujet d’Amazon. Certains mythes sont tenaces et je veux rappeler les réalités, les faits relatifs à notre activité en France. »