C’est en 1958 que le professeur Malcolm P. McNair a énoncé sa théorie de la “roue de la distribution” que certains dénomment la “roue du commerce”.
En bref, McNair constate [dans un article intitulé “Significant Trends and Developments in the Postwar Period”, in A.B. Smith (editor), “Competitive Distribution in a Free, Hith-Level Economy and Its Implications for the University” (Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 1958), p.1-25] qu’au cours du temps le commerce de détail a vu se succéder différentes formes de distribution. Il en est résulté chaque fois un ensemble de plusieurs systèmes où les nouveaux-venus se montraient plus dynamiques jusqu’à ce qu’une autre innovation fasse irruption et vienne détruire un équilibre provisoire.
Selon cette théorie, les innovations successives se sont toujours caractérisées par des prix bas, des marges rigoureusement réduites et des méthodes marquées par l’austérité et l’efficacité.
En faisant ainsi pression sur leurs coûts, ces nouvelles formes de distribution parviennent à damer le pion aux commerçants établis, qui ont souvent eu le tord de vouloir trop bien plaire à leurs clients tout en haussant leurs marges. Mais les nouveaux-venus se livrent à leur tour à la surenchère en service. Leurs prix augmentent. Ces champions du bas prix deviennent ainsi vulnérables à l’attaque de nouvelles techniques de distribution qui jouent une fois de plus la carte de l’économie et de la simplicité. Ainsi, la roue à fait un tour complet.
Ensuite, le processus cumulatif se poursuivra jusqu’à ce qu’un champ d’action s’ouvre à nouveau pour d’autres entreprises, décidées à travailler à marges et prix réduits. Jean-Louis Solal, dans un entretien enregistré, présente une autre vision du Professeur McNair.
C’est cette roue que Carrefour va faire avancer courant 1976, avec le lancement des produits libres.
[Selon un article de Distribution d’Aujourd’hui, décembre 1979]