Il est toujours plus aisé d’avoir un ennemi facile à désigner que de remettre en cause des pratiques plus anciennes, surtout lorsqu’elles engagent les clients de votre propre fond de commerce… Olivier Mevel, maître de conférence au sein de l’Université Bretagne Occidentale est intervenu lors de l’assemblée générale de la FDSEA35. Voici ses propos :
Il faut savoir pourtant que la faiblesse des revenus du monde agricole – pour quelques secteurs clés – tient plus des décisions de certaines coopératives ou des fédérations professionnelles qui travaillent parfois au dépend des intérêts de leurs propres bases. Ce n’est qu’alors, profitant de l’opportunité, que des multinationales se jouent de cette situation. Est-ce alors au bénéfice des consommateurs ?
La grande distribution se retrouve évidemment impliquée sur ces marchés de dupe. On peut croire qu’elle veut tirer profit de ces marchés. Des marchés à courte vue où personne ne veut dénoncer les pseudo-concurrences, se tenant mutuellement par la barbichette. Une construction tournée vers les clients nous paraîtrait plus positive.
Olivier Mevel : l’Observatoire des prix et des marges en ligne de mire
« J’ai postulé à la demande de plusieurs personnes de la production agricole ou des coopératives. Je pense comme elles que cet Observatoire ne fonctionne pas bien. Selon mes calculs, les marges de la distribution frisent les 30% tandis que le producteur n’a presque rien » dixit Olivier Mevel repris par France Agricole.
L’Observatoire des prix et des marges, dont Olivier Mevel vise la présidence en lieu et place de Philippe Chalmin, n’est-il pas que le théâtre d’une pièce de boulevard : “le mari, la femme et l’amant” ? Sous couvert du ministère de l’Agriculture, l’Observatoire – qui vient de présenter son rapport 2017 – vise à prendre la température des filières alimentaires. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : ceux qui tiennent le thermomètre ne soignent jamais ! On s’interroge alors sur l’intérêt de cette abnégation qui vise à vouloir prendre la direction d’un tel organisme…
75% du C.A de l’agroalimentaire français (172 mds €) reste réalisé à un niveau national..sous menace directe de la guerre des prix entre GMS
— MEVEL (@OlivierMEVEL) 7 avril 2017
Selon une telle vision, faudra-t-il espérer tout exporter ou préférer tout manger ? On sait pourtant, concernant l’exemple la viande bovine, que les prix nationaux sont particulièrement sensibles avec +/- 3% d’offre. En clair, asséchez le marché et les cours repartent à la hausse… mais là, plus personne au portillon.
Y a-t-il volonté de tout confondre ou d’amalgamer ?
Une étrange manière, selon nous, de relier des événements et faire des liens là où il n’y en a pas. On s’interrogera surtout sur le décalage qu’il peut y avoir avec d’autres propos, bien plus percutants et la nécessaire adaptation du secteur qui devra faire face à des défis plus marquants encore dans la réponse aux modifications des attentes des consommateurs ou encore face à la réaction des multinationales aux évolutions du marché sur les laits végétaux et bio par exemple qui auront bien plus de répercussions que ces petites guéguerres intestines que l’on nous promet.
GMS: Qui a le + profité de la LME en termes de PDM depuis 2008 ?…96 mois de croissance pour Leclerc !..Et 96 mois d’enfer pour Carrefour.. pic.twitter.com/ip3tcnUpXT
— MEVEL (@OlivierMEVEL) 10 avril 2017
Contrairement aux propos de Olivier Mevel, les prix se stabilisent ou stagnent !
Selon les données de l’INSEE, en mars 2017, les prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution et dans la grande distribution étendue augmentent (+0,1 %), après trois mois consécutifs de stabilité. Hors grande distribution, les prix croissent de nouveau aussi (+0,1 %), comme le mois précédent.
C’est vrai, comparés au même mois de l’année précédente, les prix des produits de grande consommation vendus en grande distribution avaient reculé plus modérément qu’en février (−0,1 % après −0,3 %). Il en est de même dans la grande distribution étendue (−0,1 % après −0,3 %). En revanche, dans les autres formes de vente, les prix des produits de grande consommation augmentent de 1,1 % sur un an, comme les trois mois précédents. Donc, en considérant l’ensemble des points de vente, les prix des produits de grande consommation se redressent légèrement sur un an (+0,1 % après −0,1 %).
Les éléments factuels contradictoire
Graphique 1 – Évolution des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution
- Champ : France métropolitaine
- Source : Insee – indices des prix à la consommation
Graphique 2 – Indices des prix des produits de grande consommation par type de produit
- Champ : France métropolitaine
- Source : Insee – indices des prix à la consommation