Engagé depuis 30 ans dans plusieurs aventures entrepreneuriales, Dominique Amirault publie aujourd’hui son premier ouvrage. Intitulé Pour une République de citoyens entrepreneurs !, le livre s’articule sous la forme d’un échange dynamique de questions-réponses avec Nicolas Doze, journaliste économique à BFM TV.
Face à la crise, la solution est en nous, pas dans les institutions. Entreprenons-la !
C’est parce qu’il en avait assez que des non-entrepreneurs prennent la parole ou écrivent sur les entrepreneurs que Dominique Amirault a entrepris de s’exprimer à son tour sur un sujet qu’il connaît bien. Ce livre, Pour une République de citoyens entrepreneurs !, est le fruit d’expériences personnelles et collectives : « c’est en faisant qu’on devient sachant (= savoir-faire) et qu’on est donc porteur de solutions ». Légitimement, il a eu le besoin de le faire savoir.
La réflexion et l’expérience ont conduit Dominique Amirault vers une découverte tellement évidente qu’on ne la voit plus : il n’y a que l’homme qui crée de la valeur, pas les institutions, pas la technique, pas la finance. De ce fait, l’homme est au cœur de tout, à l’exemple du plan de relance économique et social de Michel Leclerc sur la relance économique de la France.
En tant qu’individu d’abord, il a en lui-même une flamme, un ressort, une énergie entrepreneuriale extraordinaire. En tant qu’être social ensuite, il existe essentiellement par sa relation aux autres. Il est un gisement de ressource inépuisable qui n’est jamais aussi bien exploité que dans la relation avec l’autre.
Pour l’auteur, « entreprendre est un acte humain et social qui se conjugue au singulier et au pluriel ».
Malheureusement, l’enthousiasme des hommes est empêtré, étouffé par beaucoup de contraintes et de tutelles, muselé dans un écheveau complexe de relations sociales. Les citoyens ont envie de respiration, ont besoin qu’on leur fasse confiance et d’être reconnus. Il existe, de surcroît, une incroyable déconnexion entre les aspirations des citoyens et les réponses institutionnelles apportées.
Pour Dominique Amirault, la solution est humaniste : c’est la libération des hommes de toutes leurs tutelles et contraintes pour pouvoir s’épanouir, s’accomplir et se développer.
Cette solution passe par la libération de trois niveaux de relations humaines :
- Libération des hommes dans l’entreprise
- Libération des relations commerciales
- Libération des relations politiques et citoyennes.
Libération des hommes dans l’entreprise
L’entreprise est la communauté dans laquelle l’Homme passe le plus clair de son temps, y développe une activité et des liens sociaux. Ainsi, dans l’entreprise, lieu de création de richesses, il est crucial de répondre à la profonde aspiration à plus d’autonomie, d’indépendance et de responsabilité, donc satisfaire au besoin de confiance et de reconnaissance des équipes. L’entrepreneur le fait en étant complètement impliqué auprès de ses collaborateurs. Comme eux, « il met les mains dans le cambouis ». Avec eux, « il ne patronne pas, il entreprend ».
La libération de l’entreprise passe par le dialogue collaboratif, le partage et la co-construction. Dans ce cadre, la communauté humaine de l’entreprise est capable de prendre en main elle-même son destin pour s’adapter à son propre environnement et assurer sa pérennité ainsi que celle de ses emplois. Les règles s’établissent de bas en haut, selon le principe de subsidiarité, dans une dynamique ascendante.
Finalement, la communauté humaine de l’entreprise est l’école de l’apprentissage pratique de la citoyenneté et de la démocratie sur le terrain.
Libérer les relations commerciales
Fort de son expérience de Président d’un collectif d’Entrepreneurs PME Indépendants (EPI) investis dans la relation client, notamment avec la Distribution, Dominique Amirault propose de réinventer la relation commerciale pour créer de la valeur ensemble.
Le commerce est une affaire d’hommes, il faut donc, là également, développer l’approche collaborative, c’est-à-dire non conflictuelle. Ce renouveau de la relation commerciale passe parallèlement par la voie contractuelle et non par la loi (exemple des accords sur le discernement PME signés entre la FEEF et les enseignes).
Néanmoins, une difficulté demeure : c’est le dérèglement du marché et de la concurrence qui déséquilibre les relations commerciales du fait des concentrations, en amont comme en aval. Dans ce contexte, la loi du plus fort s’impose progressivement au détriment des entrepreneurs PME.
Il faut tenir compte des spécificités de ces derniers qui ne peuvent pas être traités de la même manière que les groupes mondialisés. Les premiers répondent à une logique humaine et sociétale alors que les seconds sont des institutions qui sont dans une logique financière et de domination commerciale.
Cette domination détruit la diversité, les différences, le pluralisme et empêche donc la régénération du tissu économique et social. D’où la nécessité de reconnaître un principe de différenciation qui seul permet une égalité réelle dans les faits. Dominique Amirault plaide pour la reconnaissance de ce principe dans la Constitution.
Aussi, pour que la concurrence soit saine, émulatrice et à armes égales, il faut qu’enfin les autorités remplissent réellement leur rôle et qu’elles cessent de laisser-faire dans une quasi connivence.
Libérer les relations politiques et citoyennes dans la cité
Dominique Amirault constate également un accaparement du pouvoir par une élite qui ne se renouvelle pas. Il dénonce un système représentatif à bout de souffle et déconnecté, qui ne sait que produire des règlements et de la bureaucratie, sans tenir compte de l’équilibre dans la gestion des finances publiques. Il existe cependant des voies de progrès pour permettre le renouvellement politique, notamment l’interdiction du cumul des mandats et des rémunérations correspondantes.
C’est la condition pour s’imposer la simplification administrative en faisant confiance aux citoyens et à leur capacité à contractualiser les règles.
De la même manière, il est indispensable de confier la gestion des sujets d’intérêt général, comme notre modèle social (retraites, chômage,…), à la responsabilité directe des citoyens et des politiques (avec l’Etat). Cela implique notamment une rénovation complète du paritarisme à la française. Rappelons que le syndicalisme n’a pas pour vocation à se substituer aux citoyens.
En outre, pour Dominique Amirault, chaque citoyen a un droit d’expérimenter, d’explorer des voies nouvelles, fondement de la liberté d’entreprendre : « Les citoyens ont un savoir réel, souvent sous-exploité car, justement, ils n’ont pas eu l’opportunité d’exercer le pouvoir ». Il s’agit d’encourager les démarches de progrès, à l’image des engagements RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), tels que ceux portés par la marque label ENTREPRENEURS+ENGAGES. C’est en cela que les citoyens entrepreneurs impulsent une dynamique d’amélioration en continu.
Dès lors que la première richesse c’est l’Homme, l’emploi est une priorité. En effet, l’emploi est non seulement un moyen de subsistance mais aussi de reconnaissance des êtres humains dans leur dignité et leur intégration dans la société. Et c’est tout simplement éviter le gaspillage insupportable du gisement que constitue la richesse humaine. Une fois que la libération a eu lieu dans l’entreprise, dans les relations commerciales et dans la Cité, l’émergence des citoyens entrepreneurs est enfin possible. La voie vers une société libérée et entreprenante est toute tracée !
Pour l’auteur, « on est tous citoyens et entrepreneurs » : citoyen en participant aux décisions, entrepreneur en construisant avec les autres. Le citoyen entrepreneur est donc celui qui crée de la valeur, de la richesse pour son bien-être personnel et pour la société.
C’est pourquoi, « en tout homme, il y a un entrepreneur qui sommeille ! […] On est tous entrepreneurs d’un projet quel qu’il soit. […] L’homme : la fenêtre ouverte sur le monde, source d’espérance, d’opportunités et de progrès ». En un mot, c’est le réveil citoyen ! Il n’y a plus de raison d’être « décliniste », ni populiste. Au contraire, soyons optimistes, car oui les opportunités existent !
Dominique Amirault le rappelle pour conclure : « nous portons en nous les germes de la renaissance. Appuyons-nous sur les Hommes, ce gisement inépuisable de valeur, faisons-leur confiance. Tous, citoyens entrepreneurs, soyez prêts à entreprendre, à prendre en main votre destin et à être les parties prenantes de votre renaissance ! ».
DOMINIQUE AMIRAULT EN QUELQUES MOTS Président de la FEEF depuis mars 2012, Dominique Amirault incarne le visage moderne et combatif des PME françaises. Expert reconnu, il a débuté sa carrière dans les cabinets ministériels, à la Délégation interministérielle agro-alimentaire puis au Secrétariat d’État auprès du Premier ministre Raymond Barre, en charge des industries agricoles et alimentaires. Au début des années 1980, il quitte la sphère publique pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. A chaque expérience, il établit le diagnostic et impose le bon remède pour remettre d’aplomb l’entreprise et la développer : Royal Champignon, les DV des Salins du Midi, Ackerman ou, plus récemment, Soleou. Dominique Amirault poursuit et dynamise aujourd’hui les missions de la FEEF avec un mot d’ordre : soutenir les PME et les entrepreneurs indépendants dans un partenariat collaboratif et créateur de valeurs avec la Grande Distribution.