La vague 2015 de l’Observatoire des pratiques de consommation émergentes témoigne d’un ancrage profond au sein de la population française de manières de consommer qui s’écartent des modalités marchandes ordinaires. Pour autant, la comparaison avec les résultats des vagues précédentes de l’Observatoire semble indiquer l’approche d’une phase de maturité, la croissance s’opérant davantage par l’intensification de la pratique que par le recrutement de nouveaux adeptes. Ces pratiques sont portées à la fois par la nouvelle donne technologique et par les tensions persistantes sur le pouvoir d’achat des ménages. Mais elles révèlent également les réserves ressenties par une part significative des Français à l’égard du modèle de consommation dominant, qui s’étendent aux grands acteurs de l’offre, aux marques en particulier dont la cote de confiance est en recul significatif. Ces réserves, qui s’illustrent par le fait qu’un Français sur deux aspire à consommer mieux, s’expriment dans les pratiques émergentes au travers d’une quête de sens et de la volonté de signifier au travers de la consommation son adhésion à des valeurs. Il y a urgence pour les acteurs traditionnels de l’offre à prendre la mesure des mutations en cours et d’y répondre de manière appropriée.
Des pratiques de consommation émergentes en voie de banalisation
La vague 2015 de l’Observatoire des pratiques de consommation émergentes s’est intéressée à la diffusion de 21 pratiques de consommation qui s’inscrivent à la marge des logiques marchandes ordinaires, dont une douzaine de pratiques relevant de la consommation collaborative. Chaque pratique a fait l’objet du calcul d’un « taux de pénétration », c’est-à-dire de la part des personnes l’ayant pratiqué au cours des 12 derniers mois dans l’ensemble de la population étudiée. Les résultats révèlent que les 21 pratiques ont des taux de pénétration très inégaux…