Dans le magazine Cash Investigation, la présentatrice Elise Lucet vient de mettre en avant – au travers d’un documentaire ayant pour titre “Marketing : les stratégies secrètes” diffusé le 6 octobre 2015 sur France 2 – les techniques de quelques entreprises, et notamment du secteur de la grande consommation.
Carrefour est-il un grand méchant loup pour Cash Investigation ?
Pour revenir sur le cas Carrefour évoqué, il faut savoir qu’initialement les fondateurs de l’enseigne ne souhaitaient pas la mise en place de cartes de fidélité… On l’a souvent oublié depuis !
Au-delà de la récolte d’informations, ils ne souhaitent pas en effet donner une image de prix que l’on peut qualifier de Hi-Lo (mélange de prix-hauts et prix-bas), mais EDLP (discount permanent) avec des prix fixés. La fausse monnaie des coupons de réduction n’étant pour eux d’aucune utilité étant orientés sur un modèle économique bien différent.
Toutefois, il nous semble que c’est par l’entremise de l’intégration de Promodès que cette culture est arrivée dans le groupe Carrefour lors de la fusion entre les deux sociétés. Champion avait, à l’époque, le principal système de gestion de carte de fidélité au niveau national… On comprend alors l’usage qui a été fait ensuite de ces techniques.
La revente d’information aux producteurs ne date pas d’hier
Nous apprendrons peut-être à Elise Lucet que la revente d’informations – selon les éléments dont nous disposons – sur la consommation par les distributeurs a débuté non pas il y a quelques mois… mais plutôt avec Roger Berthier, pour son entreprise Saveco (Savoir économiser) qui était informatisée, lorsqu’elle allait affronter Edouard Leclerc qui arrivait pour la première fois sur Grenoble.
Les éléments étaient vendus à l’Oréal (déjà !), notamment, très intéressé par ces informations, au travers de la la STAFCO (Statistiques française de consommation), créée en 1956. « Les fondateurs en sont Albert Sassi, qui avait été embauché par le groupe Lever France pour créer un service interne d’études de marché, et Roger Berthier de la ‘Maison du Savon’ ».
Qu’en penser ?
“Cette émission invente des scandales” que l’on aura pu entendre d’une personne proche de ces dossiers chez Carrefour n’est pas loin de notre pensée, Elise Lucet venant de mettre ici à la connaissance de tous ce qui est déjà connu de tous sur ce point précis !
On gardera toutefois dans l’idée que la liberté vendue par Carrefour en 1976 se devait de laisser aux clients le choix de ne pas être que des cibles inertes et que le meilleur des marketing aujourd’hui semble plus dans la liberté “donnée” que dans la liberté “volée” aux consommateurs.