La voix d’Edouard Leclerc est rare aujourd’hui. L’entendre pendant une réunion des directeurs des centres Leclerc l’est encore plus… Voici une archive issue du fonds Etienne Thil sous forme d’une K7, non datée. On y comprends mieux la signification du logo de l’enseigne.
Un journaliste débute l’entretien : « Sous la présidence d’Edouard, le fondateur, se réunissent périodiquement les responsables des 520 Centres Leclerc de France. Des grands principes, la définition d’une stratégie. On a un petit peu l’impression qu’il faut de temps en temps redéfinir la philosophie avant de passer au commerce et aux choses sérieuses. »
Suite au décès de Edouard Leclerc, un hommage lui est rendu sur une page de ce site.
Enregistrement exclusif
Edouard Leclerc répond : « Bon, s’il vous plait, un peu de silence. Mes chers amis. On est arrivé à notre but. C’est-à-dire que nous avons réussi à faire passer devant nous un concurrent, dans un indice des prix, simplement sur 30 articles, puisque maintenant il n’y a plus que 30 articles en produits alimentaires qui sont communs avec des grandes surfaces. Le problème était de laisser donc – cet intéressé – de passer devant nous, mais aujourd’hui il nous appartient de déclencher la véritable guerre économique. Je donne donc des instructions pour que, sur l’ensemble de la France, on déclenche une fusillade de prix de façon à ce que les consommateurs comprennent que nous sommes là pour les défendre dans la crise, dans la crise économique, dans la crise politique et surtout, et encore, dans la crise glaciale. Est-ce que quelqu’un à des questions à poser ? Est-ce que vous êtes tous d’accord là dessus ? Alors, vous ouvrez le feu ! »
Un adhérent : « C’est un peu la frite sur le four pensant que… une nouvelle question pouvait, mais la rigueur est toujours la rigueur et il faut la maintenir. »
Edouard Leclerc : « Maintenant il faut y aller… »
Michel-Edouard Leclerc : « parce que tu croix que l’on doit accepter les coefficients multiplicateurs imposés par les industriels ? »
Un adhérent : « Non, on ne doit pas accepter. Non, ça, ça ce s’ra encore la guerre qui continuera si on accepte les multiplicateurs. »
Le journaliste reprend son commentaire : « La force du groupe c’est de limiter autour de 14% une marge bénéficière qui, sans l’expérience de Landerneau, serait peut être encore dans le commerce de… près du double. »
Edouard Leclerc : « La baisse du pouvoir d’achat actuelle, l’écroulement de notre économie… Les industriels auront besoin de vendre. Et puis, il y a l’importation… »
Un adhérent : « A oui, il y a l’importation ! »
Le journaliste reprend : « La gigantesque puissance de distribution des centres Leclerc oblige maintenant les concurrents à ne pas trop dépasser cette marge et les industriels à vendre en limitant leurs bénéfices. »
Un adhérent : « Cela a toujours été notre but, cela a toujours été notre direction… »
Après du bruit dans le landerneau, la conversation continue… pour les tontons flingueurs de la distribution.