Le commerce coopératif sera-t-il à la pointe de l’économie collaborative ? C’est la question posée lors des dernières Rencontres de la FCA (Fédération du Commerce Coopératif et Associé) le 2 juin 2015. L’économie collaborative, ou « sharing economy », propose en effet un nouveau mode de consommation et d’échange où le consommateur devient lui-même producteur, en proposant ses services à d’autres consommateurs.
A l’exemple de l’auto-stop devenu co-voiturage – avec Blablacar – de l’hébergement chez l’habitant devenu hôtellerie-amateur – avec AirBnB – ou encore du financement de projets devenu crowdfunding – avec Babeldoor… tout change ! Il s’agit pourtant bien ici d’entreprises, généralement de start-ups made in USA portées par des fonds très capitalistiques, qui changent la donne et font émerger ces nouveaux comportements.
La FCA en pointe sur le partage
Les commerçants de la FCA, unis depuis 50 ans sur ces mêmes valeurs de partage et de coopération, qui font aujourd’hui le succès de la sharing economy, s’affirment comme légitimes pour être les principaux acteurs de cette tendance, et non les victimes d’une concurrence portée par le buzz et l’attrait de la nouveauté. En premier lieu, il s’agit évidemment de remettre le client au centre de l’offre, et écouter plus que jamais ses besoins. « L’économie collaborative comble un vide, c’est à nous de répondre au besoin client » affirme Bernard Cadeau, Président de ORPI. Cette nouvelle économie fait parfois revenir le client vers des services qu’il délaissait faute d’y trouver son compte, comme on le voit avec l’explosion de la demande dont profitent les VTC. « Tout ce qui élargit le business élargit mon business » se réjouit même Stéphane Solinski, de Sport 2000.
La tradition du changement
Car l’engouement du grand public pour cette nouvelle forme de consommation n’est pas un rejet des entreprises traditionnelles, c’est surtout une demande de plus de lien social et d’efficacité. « On aura toujours besoin de commerçants, qui font l’intermédiation nécessaire dans l’économie collaborative » a répété l’économiste Nicolas Baverez. Les enseignes ont donc tout à gagner à prendre ce rôle de mise en relation dont a besoin l’économie collaborative, en le valorisant par leur expertise. Les agences de voyage Selectour Afat ne font pas autre chose, en proposant à leurs clients de ne plus se contenter de l’offre de l’agence de leur quartier, mais de contacter via le site internet, conçu comme un réseau social, non seulement d’autres personnes ayant fait le voyage qu’ils projettent, mais aussi le meilleur expert Selectour Afat pour cette destination, où qu’il soit en France. Ou comment réconcilier les valeurs de partage communautaire avec l’expertise d’un service.
La loi Macron : les raisons des protestations
Les rencontres de la FCA se sont concluent par une intervention à deux voix, Michel-Edouard Leclerc, d’une part, et le Président de la Fédération, Eric Plat d’autre part, pour protester contre la réforme prévue par la Loi Marcon. Le sujet central aura été l’encadrement les contrats des adhérents des enseignes coopératives et plus exactement la suppression de la tacite reconduction de ces contrats, ainsi que le plafonnement de la durée des contrats à 6 ou 9 ans, qui risquent de déstabiliser le commerce coopératif tel qu’il existe à ce jour. Les débats sont toujours en cours.
A suivre.
Cécile Hebert